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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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«très grandement estimé entre les gens doctes» nous dit son contemporain<br />

Ambroise Paré 75 . Ayant étudié à Montpellier, Sylvius avait eu du mal à se faire<br />

accepter par la faculté de Paris, et cela peut suffire à expliquer tout le bien qu’en<br />

dit le chirurgien des Valois. Ce grand anatomiste est aussi l’auteur d’un traité de<br />

pharmacie un peu particulier, puisqu’il n’enseigne pas l’utilisation des remèdes<br />

mais, celle-ci étant supposée connue, la manière de les préparer. Paru à Paris en<br />

1542, son De Medicamentorum Simplicium Delectu, Preparationibus, Mictionis<br />

Modo ne fut traduit en français qu’en 1625, sous le titre plus modeste de La<br />

Pharmacopée de M. Jacques Sylvius, médecin. Qui lit ce dernier ouvrage aura le<br />

sentiment que son auteur croyait à l’existence de la licorne, puisque, à trois<br />

reprises au moins - en l’absence d’un index complet, d’autres occurrences ont pu<br />

m’échapper -, il est question de sa corne et de la façon de la préparer. «On lime<br />

aussi les bois qui sont durs comme le gaiac,… les cornes de cerfs, de chèvres, de<br />

licorne 76 » lit-on dans le chapitre consacré aux «limures et râpures». Dans celui sur<br />

«l’usage et la manière de brûler les médicaments» nous lisons que «on brûle les<br />

uns afin de les pouvoir mettre plus aisément en poudre, comme les poils, la laine,<br />

la soie, les coquilles des huîtres, les ongles d’ânes, les cornes de cerfs, chèvres et<br />

licornes 77 », et quelques pages plus loin: «Mais on s’en peut bien servir sans les<br />

brûler, en les limant avec une lime ou en les raclant, comme on fait de la corne de<br />

licorne, la verge d’un cerf ou d’un taureau, puis en les mettant en poudre bien<br />

déliée 78 .» Il faut avoir la curiosité de remonter à l’original en latin pour voir la<br />

licorne s’effacer et rendre sa place au rhinocéros, puisque dans le premier passage<br />

cité nous lisons «cornua cervi, capri, rhinocerotis 79 » et dans le troisième «cornu<br />

rhinocerotis 80 ». Quand à la deuxième de nos trois licornes, elle disparaît purement<br />

et simplement, puisque le texte original ne parlait que de cornes de chèvres et de<br />

cerfs 81 . Rien n’indique donc que Sylvius, en 1542, croyait à l’existence de la<br />

licorne; nous sommes même en droit de supposer le contraire puisqu’il ne dit rien<br />

dans son long traité d’un remède alors en vogue. Nous savons par contre que, trois<br />

quarts de siècle plus tard, licorne et rhinocéros ne faisaient qu’un pour son<br />

traducteur, ce qui est une autre manière de croire, ou de ne pas croire, à la réalité<br />

75 Ambroise Paré, Œuvres complètes, édition Malgaigne, tome II, p.128.<br />

76 La Pharmacopée de M. Jacques Sylvius, médecin, Paris, 1625, p.244.<br />

77 ibid., p.408.<br />

78 ibid., p.418.<br />

79 Jacob Sylvius, De Medicamentorum Simplicium Delectu, Preparationibus,<br />

Mictionis Modo, Paris, 1542, fol.19.<br />

80 ibid., fol.34 v°.<br />

81 ibid., fol.34.<br />

-244-

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