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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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traduit 84 , et les notes quand il y en a l’assimilent au rhinocéros. Mais les versions<br />

plus anciennes traduisaient facilement monoceros par licorne. Dans la première<br />

édition de l’Histoire Naturelle imprimée en langue française, nous lisions: «Il dit<br />

aussi que là est la licorne, bête fort farouche, et au demeurant de corsage de<br />

cheval, de tête de cerf, pied d’éléphant, queue de sanglier, beuglement gros avec<br />

une corne noire, saillant au milieu du front, de deux coudées de long. On dit qu’on<br />

ne la prend point vive 85 ». Au tout début du XIXème siècle, monoceros est encore<br />

rendu par licorne dans la traduction de P.C.B. Guéroult: «Ils chassent aussi un<br />

animal très féroce, c’est la licorne. Elle a la forme du cheval, la tête du cerf, les<br />

pieds de l’éléphant, la queue du sanglier, son mugissement est grave. Du milieu du<br />

front sort une seule corne noire, longue de deux coudées. On dit que cet animal ne<br />

peut être pris vivant 86 .» A la décharge des traducteurs, notons cependant qu’ils ne<br />

faisaient que suivre Pline qui, lui-même, avait pris grand soin de distinguer le<br />

monocéros du rhinocéros, décrits dans deux paragraphes distincts du livre VIII de<br />

l’Histoire naturelle.<br />

En 1718, Eusèbe Renaudot, petit fils de Théophraste, traduisit et publia,<br />

accompagnés de notes et de commentaires plus longs que le texte lui même, les<br />

Anciennes Relations de l’Inde et de la Chine de deux voyageurs mahométans qui y<br />

allèrent dans le neuvième siècle. Longtemps considéré comme douteux, ce récit<br />

dont le texte original est perdu est aujourd’hui tenu pour authentique 87 . Dès les<br />

premières pages de cette relation de voyage, nos voyageurs arabes rencontrent «le<br />

fameux Carcadan, ou licorne, qui n’a qu’une corne sur le front, et sur laquelle on<br />

trouve une tâche blanche qui représente la figure d’un homme. Toute sa corne est<br />

noire et la figure qui se trouve au milieu est blanche. La licorne est plus petite que<br />

l’éléphant; depuis le col jusqu’en bas, elle ressemble assez au buffle. Elle est d’une<br />

force extraordinaire, qui surpasse celle de tous les autres animaux. Elle n’a pas la<br />

corne fendue aux pieds de derrière ni à ceux de devant, qui sont d’une pièce<br />

jusqu’aux épaules. Les éléphants fuient devant la licorne; son mugissement est<br />

presque semblable à celui du bœuf et tient quelque chose du cri du chameau. Sa<br />

chair n’est pas défendue et nous en avons mangé. Il y en a une très grande<br />

84 Par exemple dans la collection Budé.<br />

85 Translation de langue latine en françoise des septiesme et huytiesme livres de<br />

Caïus Plinius Secundus , faicte par Loys Meigret, Lyonnois, Paris, 1543, fol.89.<br />

86 Pline, Histoire naturelle, traduction de P.C.B. Gueroult, Paris, 1802.<br />

87 Voir sur ce point George Percy Adams, Travel Litterature and the Evolution of<br />

the Novel, University Press of Kentucky, 1983, p.74, et l’introduction de Jean-<br />

Michel Racault à une récente édition du récit de François Leguat, aux éditions de<br />

Paris, 1995.<br />

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