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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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anglaise du récit de voyage de Leonhart Rauchwolf, rédigé un siècle plus tôt.<br />

Lorsque le voyageur allemand affirmait, bien qu’il reconnût ne pas les avoir vues,<br />

que le roi de Perse possédait plusieurs licornes et griffons, le traducteur anglais<br />

John Ray, membre de la Royal Society, ajouta en marge du texte: «Il n’existe pas<br />

dans le monde de créatures comme la licorne ou le griffon. Je suis aussi certain<br />

qu’on peut l’être de cette négative… et ne peut que m’émerveiller de la crédulité<br />

d’un homme habituellement curieux et prudent comme Rauchwolf, lorsqu’il croit les<br />

récits stupides d’un personnage menteur et vaniteux 3 ». Cette note brève, presque<br />

sèche, est la seule que John Ray ait ajouté aux quatre cent pages d’un long récit,<br />

ce qui montre bien que, si le sujet n’était plus considéré comme important, il fallait<br />

cependant peu de choses pour ranimer la curiosité des lettrés.<br />

En 1703, François Le Large rédigea, à la demande de Louis XIV, ses<br />

Explications des figures qui sont sur le globe terrestre de Marly. La licorne<br />

n’apparaît certes pas sur le globe que le père Coronelli avait exécuté pour le roi de<br />

France, mais l’érudit profita du dessin représentant la «pêche du monoceros 4 » pour<br />

consacrer quelques lignes à la licorne terrestre. Il constate que «entre le grand<br />

nombre de ceux qui en ont parlé, il n’y en a pas deux qui s’accordent ensemble<br />

dans la description qu’ils en font», mais que pourtant «depuis plus de deux siècles<br />

que les européens vont par la terre et même dans l’Abyssinie, qui est le prétendu<br />

pays de la licorne, il n’y a pas un seul auteur digne de foi qui assure rien de cet<br />

animal», et conclut que «cette licorne n’est qu’une pure chimère 5 ».<br />

En 1678, le dictionnaire de Gauthier Charleton, présentant les noms des<br />

animaux dans la plupart des langues d’Europe, n’ignore pas le monoceros, classé<br />

dans les bisulques non ruminants, mais l’article qui lui est consacré est pour le<br />

moins sceptique: «Monoceros, the unicorn, on peut légitimement douter que cet<br />

animal soit ou ait été dans la nature 6 ».<br />

Lorsqu’en 1688, François-Maximilien Misson parcourut l’Italie, on lui montra<br />

des basilics naturalisés - vraisemblablement des faux fabriqués avec des ailes de<br />

raies et des peaux de lézards ou de crocodiles -, ce qui lui fit écrire «Cela a un petit<br />

air dragon qui est assez plaisant, l’invention est jolie et mille gens sont trompés…<br />

3 A Collection of Curious Travels and Voyages in two tomes, the first containing<br />

Dr Leonhart Rauwolff’s Itinerary into the Eastern Countries…, Londres, 1693, t.I,<br />

ch.VIII, pp.194-195.<br />

4 Voir supra, t.I, p.357.<br />

5 François Le Large, Explications des figures qui sont sur le globe terrestre de<br />

Marly, Paris, Bibliothèque Nationale, ms fr.13366, pp.139-140.<br />

6 Gauthier Charleton, Onomasticon Zoicon Pleorumque Animalium Differentias &<br />

Nomina Propria Pluribus Linguis Exponens, Londres, 1678, p.4.<br />

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