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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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laquelle on le peint le plus communément, ayant toutefois la tête d’un cerf, le poil<br />

d’une fouine, le col court, le crin petit, le pied fourchu, et qu’il naît dans les déserts<br />

d’Éthiopie parmi les serpents, au venin desquels résiste cette corne, qu’il dit être<br />

plantée au milieu de son front, et de trois coudées de haut, large à la base et<br />

finissant en pointe 80 . Garcias ab Horto dit que c’est un animal amphibie qui naît<br />

bien en terre près le cap de Bonne Espérance, mais se plaît à la mer, qui a la tête<br />

et le crin de cheval, une corne de deux coudées de long, mais il est seul de tous les<br />

auteurs qui la dit mobile, et pencher à droite et à gauche, en haut et en bas 81 .<br />

Ceux-ci assurent qu’elle ne se peut apprivoiser et Louis Vartoman dit en avoir vu<br />

deux enfermées dans des cages à la Mecque, qui avaient été envoyées à Sultan<br />

Soliman, lesquelles étaient privées 82 . Presque tous l’estiment fort rare, et Marc<br />

Scherer, allemand renégat, depuis nommé Idaith Aga, ambassadeur du même<br />

Soliman près de l’empereur Maximilien, assure en avoir vu des troupeaux entiers<br />

dans l’Arabie déserte 83 , et Paulus Venetus 84 dit aussi qu’au Royaume de Basman, il<br />

y en a des troupeaux, et qu’ils sont presque aussi grands qu’éléphants, ayant les<br />

pieds de même qu’eux, le poil de chameau et la tête de sanglier, et qu’ils s’aiment<br />

dans la fange comme nos pourceaux 85 .»<br />

L’argument de la diversité des descriptions avait déjà été avancé, un demi-<br />

siècle plus tôt, par Ambroise Paré dans le Discours de la licorne. Les détracteurs de<br />

cet animal polymorphe y voyaient la preuve que tous les témoins ne parlaient que<br />

ses voyages en Inde, Apollonius vit des ânes sauvages unicornes. On lui rapporta<br />

que la corne de cet animal servait à confectionner des coupes utilisées par les rois<br />

des Indes, celui qui boit dans une telle coupe étant protégé du poison et de la<br />

maladie. Ce à quoi il répondit, avec un bon sens assez inattendu chez un<br />

philosophe mystique, «je le croirai, quand je verrai que les rois de ce pays sont<br />

immortels». C’est bien sûr du rhinocéros qu’il est ici question, mais le texte de<br />

Philostrate ne dit rien du combat avec l’éléphant. Cette référence n’est pas<br />

nouvelle, non plus qu’aucune des suivantes.<br />

80 Jérôme Cardan, De la Subtilité et subtiles inventions, ensemble les causes<br />

occultes et raisons d’icelles, Paris, 1556, p.217.<br />

81 Garcias ab Horto, Histoire des drogues, espiceries et de certains médicamens<br />

simples qui naissent aux Indes, tant orientales que occidentales, Paris, 1602,<br />

pp.73-83.<br />

82 C’est bien sûr du récit, déjà moultes fois cité, de Luigi Barthema qu’il est<br />

question ici. Les Voyages de L. Varthema en la plus grande partie d’Orient, Paris,<br />

1888, pp.53-54.<br />

83 Le peu que nous en apprenons ici suffirait à faire de ce Marc Scherer un<br />

intéressant personnage de roman. Malheureusement, nous n’en savons pas plus<br />

sur lui.<br />

84 Marco Polo.<br />

85 Marco Polo, Le Devisement du Monde, ch.CLXVII, “Ci-devise de Java la<br />

mineure”.<br />

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