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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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termine sur une citation de Buffon 81 , certains de ses arguments semblent tout droit<br />

sortis d’un traité du XVIIème siècle: les auteurs classiques, et les livres saints -<br />

«une preuve qui seule suffirait peut-être à notre sujet» - parlent de la licorne; les<br />

descriptions de cet animal n’ont rien d’invraisemblable; à chaque animal marin<br />

correspond un animal terrestre… 82 Rien de bien nouveau donc, et notre botaniste<br />

professionnel, mais zoologue amateur, a sans doute emprunté la plupart de ses<br />

arguments à quelque texte déjà ancien. Il n’empêche que la publication de cette<br />

brève notice, qui serait rééditée plusieurs fois, et traduite en 1832 dans une revue<br />

américaine 83 , marquait un nouvel intérêt pour un débat un peu oublié.<br />

Les spécialistes d’histoire naturelle étaient généralement plus prudents,<br />

surtout après que le baron Cuvier, en 1827, se fût prononcé clairement contre<br />

l’hypothèse de la licorne. L’inventeur de la paléontologie fut en effet chargé<br />

d’enrichir de notes zoologiques une édition de l’Histoire naturelle de Pline, parue en<br />

1827. Ces notes furent traduites du latin en français, et légèrement développées,<br />

pour une seconde édition en 1831. La plupart d’entre elles sont fort brèves, Cuvier<br />

se contentant d’indiquer à quel animal, selon lui, correspondent les nombreuses<br />

descriptions quelque peu exotiques ou fantastiques rencontrées tout au long du<br />

texte de Pline. Preuve malgré tout de l’intérêt qu’il portait encore à cette question,<br />

le savant baron profita pourtant de la description du Monoceros, au livre VIII, pour<br />

consacrer plusieurs pages - six dans le texte de 1831 - à «rappeler et peut-être<br />

terminer les longues et ennuyeuses discussions auxquelles ont donné lieu les<br />

différents passages des anciens où il est question d’animaux unicornes 84 ». Faisant<br />

peu de cas des témoignages, Cuvier se fonde sur un argument zoologique pour nier<br />

l’existence d’animaux unicornes autres que le rhinocéros: une corne unique devrait<br />

être parfaitement symétrique, ce qui interdit qu’elle soit spiralée, et aucune corne<br />

de ce type n’a jamais été découverte. Il ramène ensuite l’ensemble des<br />

81 «Ce n’est point en resserrant la sphère de la nature et en la refermant dans un<br />

cercle étroit qu’on pourra la connaître; ce n’est point en la faisant agir par des vues<br />

particulières qu’on saura la juger ni qu’on pourra la deviner, et ce n’est point en lui<br />

prêtant nos idées qu’on approfondira les desseins de son auteur; au lieu de<br />

resserrer les limites de sa puissance, il faut les reculer, les étendre jusque dans<br />

l’immensité: il ne faut rien voir d’impossible, s’attendre à tout, et supposer que<br />

tout ce qui peut être est.»<br />

Buffon, Histoire naturelle, t.V.<br />

82 Jean-François Laterrade, Notice en réfutation de la non existence de la licorne,<br />

in Œuvres choisies, Bordeaux, 1866 (1826), pp.275-280.<br />

83 Silliman’s American Journal, vol.XXI, 1832, pp.123 sq.<br />

84 La Zoologie de Pline, éd. Pankoucke, 1831, pp.430-435.<br />

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