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IMAGES ET CONNAISSANCE DE LA LICORNE - Bruno Faidutti

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elephanto, cauda apro, mugitu gravi, uno cornu nigro media fronte cubitorum<br />

duum eminente. Hanc feram vivam negant capi 82 .» Mais la description la plus<br />

impressionnante est sans nul doute celle de Solin, surnommé «le singe de Pline»,<br />

dont la Polyhistoria, rédigée au troisième siècle après Jésus-Christ, est un abrégé<br />

de l’Histoire naturelle fréquemment utilisé par les savants du Moyen-Âge et de la<br />

Renaissance: «Atrocissimum est monoceros, monstrum mugitu horrendo, equino<br />

corpore, elephanti pedibus, cauda suilla, capite cervino, cornu e media fronte<br />

protenditur splendore mirifico ad longitudinem pedum quatuor, ita tamen ut<br />

quidquid impetat, facile ictu ejus perforatur. Vivus non venit in hominum<br />

potestatem, et interimi quidem potest 83 .» Pour un lecteur du vingtième siècle, et<br />

bien que Solin ait déjà quelque peu allongé la corne du monocéros de Pline, cette<br />

peu engageante bête est sans nul doute un rhinocéros assez mal décrit. Telle ne fut<br />

pourtant pas l’opinion des scoliastes, ne serait-ce que parce que Pline, quelques<br />

paragraphes plus haut, avait déjà décrit le rhinocéros qui prenait parfois part aux<br />

triomphes romains, et semblait donc le distinguer du monocéros. S’il n’était point<br />

rhinocéros, ce monocéros était, par simple traduction, unicornis, et donc licorne. Et<br />

qu’importe si, à la lecture de Pline, on l’imagine plus piétinant de jeunes vierges<br />

que s’endormant dans leur sein. Tout au plus vit-on certains, arguant de l’autorité<br />

des classiques, dénigrer - au sens propre du terme - les légendes sur la blanche<br />

licorne en décrivant le «vrai» monocéros, animal sauvage et féroce… qu’il ne faut<br />

surtout pas confondre avec le rhinocéros. D’ailleurs, le monocéros n’avait-il pas,<br />

comme l’écrivait Pline, une corne sur le front tandis que le rhinocéros l’a sur le nez?<br />

Sans compter, nous l’avons vu, que le rhinocéros tel que l’on croyait le connaître<br />

avait deux cornes et non une.<br />

Les éditions des classiques en langue vulgaire restèrent longtemps assez<br />

rares. En anglais ou en allemand, elles ne peuvent guère nous renseigner, unicorn<br />

et Einhorn n’étant somme toute que la traduction mot à mot de monocéros. Le<br />

français et l’italien, en revanche, connaissaient certes unicorne et unicorno, mais ils<br />

utilisaient aussi licorne et alicorno, qui évoquaient plus précisément la licorne des<br />

légendes et des tableaux. Dans les éditions modernes, le mot monocéros n’est pas<br />

82 Pline l’Ancien, Histoire naturelle, liv.VIII,31.<br />

83 «Mais le monstre le plus effroyable de ce pays est le monoceros, dont le<br />

mugissement est affreux, et qui a la forme du cheval, les pieds de l’éléphant, la<br />

queue du sanglier, la tête du cerf. Du milieu de son front s’élève une seule corne,<br />

d’un éclat remarquable, qui est longue de quatre pieds, et tellement aiguë qu’elle<br />

perce facilement tout ce qu’elle frappe. Cet animal ne tombe pas vivant entre les<br />

mains de ses ennemis: on peut le tuer, mais non le prendre».<br />

Solin, Polyhistoria, ch.55, éd. M.A. Agnant, Paris, 1847, p.325.<br />

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