Le Parfum D'Adam

seraient disponibles. Une occasion unique d’agrandir la
clinique. La situation financière laissait hélas bien peu
d’espoir de concrétiser ce projet. Chaque fois qu’il y
pensait, Paul était de mauvaise humeur. Au garage, il
enfourcha rageusement son VTT.
Il était bien placé pour connaître les risques du vélo dans
une ville comme Atlanta. Pourtant, il ne fallait pas compter
sur lui pour résister à cette tentation. Son énergie physique
devait absolument trouver un exutoire. Lorsqu’il consultait,
son calme rassurait les patients. Ils auraient été étonnés de
le voir pédaler comme un fou, penché sur son guidon, le
dos collé de sueur. Quelle que soit la situation, Paul
l’abordait avec une humeur égale. Mais il n’y parvenait
qu’en se dépensant furieusement deux heures par jour.
Il n’y avait rien d’exceptionnel dans son physique. Sa
carrure n’était pas particulièrement impressionnante, sa
taille plutôt moyenne. S’il ne s’était pas surveillé, il aurait eu
tendance à prendre un peu de poids. Quand on le regardait
bien, son visage retenait l’attention, à cause d’un contraste
étrange entre des traits européens et une discrète
influence africaine. Sa peau était mate ; ses cheveux noirs,
presque crépus et coupés ras, dessinaient deux grands
golfes autour de son front. Malgré ses efforts pour être
soigneusement rasé, sa barbe vigoureuse renaissait à vue
d’œil. Il lui avait abandonné deux favoris qui atteignaient
presque le milieu de ses joues. Cela le faisait ressembler
au Belmondo de La Sirène du Mississippi. Comme
l’acteur, il avait eu le nez cassé dans sa première vie et