Le Parfum D'Adam

visite des oiseaux qui venaient se poser sur ses épaules.
Mais un sens infaillible lui faisait sentir la présence du mal.
Aucune hypocrisie ne pouvait le tromper.
Juliette ne lui avait jamais vraiment parlé, mais il était
arrivé plusieurs fois, depuis qu’elle séjournait dans l’hôtel,
qu’il lui ait remis un petit bouquet lorsqu’elle passait près
de lui. Si bien que ce soir de pluie, le cœur vide, elle
accueillit comme une faveur du destin de trouver Joaquim
sur son chemin.
— Vous ne dormez pas, mademoiselle Juliette, lui dit-il.
Elle sentit tout à coup un contact rugueux sur sa main.
C’était Joaquim qui la tenait au creux des siennes, comme
s’il avait recueilli un oiseau malade.
— Il t’a fait du mal, c’est bien ça ?
— De qui parles-tu, Joaquim ?
Il la regardait par en dessous et ses yeux tournés vers le
ciel lui donnaient des airs de saint supplicié.
— Ton ami, souffla-t-il.
Ses yeux s’allumaient méchamment. Il était clair que
Harrow appartenait pour lui à l’autre hémisphère du
monde : celle du mal et du danger.
Juliette sourit et lui caressa le front. Elle s’assit
délicatement sur l’accoudoir du fauteuil de l’infirme.
— Qu’est-ce que tu sais, Joaquim ?
— Rien, fit-il en battant lentement des paupières.
Mais je les entends parler de vous. Ce n’est pas bien, je