Le Parfum D'Adam

clairière assez éloignée où devait se poser l’hélicoptère.
Commença alors une période d’une intensité que Paul
n’avait pas connue, même dans les moments les plus
chauds de sa formation militaire. Jusque-là, quel que soit
l’effort qu’on avait exigé de lui, à la limite de la résistance
parfois, il avait toujours agi dans un cadre. Il obéissait à
des ordres, rassuré, malgré l’épuisement, la peur ou la
douleur, par la présence d’une hiérarchie, même s’il la
supportait mal. Cette fois, ils étaient seuls. Intensément,
totalement seuls. Et, à la différence de Tibor qui avait été
capturé en civil et sans doute traité en espion, c’est-à-dire
en otage politique, ils risquaient, eux, d’être considérés
comme des combattants et abattus sans sommation s’ils
étaient découverts.
C’est dans ces circonstances que Kerry se révéla. Sans
effort, avec un naturel surprenant, elle avait pris la situation
en main et décidé d’un plan d’action qu’ils mirent à
exécution le soir même. Non seulement elle envisageait
assez sereinement de tenir jusqu’à la date normale de
l’exfiltration, mais elle était déterminée à ce que, pendant
ce temps, ils collectent les renseignements prévus. La
difficulté semblait l’électriser. Elle gardait un calme
impressionnant. L’absence de tout encadrement lui
procurait un évident plaisir. Ainsi organisèrent-ils sous sa
direction leur vie de naufragés en pleine terre.
Ils aménagèrent un abri souterrain soigneusement
camouflé, placèrent des capteurs d’alerte aux alentours, se
relayèrent pour une garde constante de jour comme de nuit