Le Parfum D'Adam

L’instrument était maintenant propre et brillant. Il appelait le
souffle et la vie. Paul y jeta quelques notes, monta et
descendit la gamme.
On était mardi. Il pensa à Maggie, à qui il avait donné
rendez-vous pour le soir. Une fille gentille, gaie, énergique
et à laquelle, pourtant, il n’avait pas grand-chose à dire. Ils
passeraient certainement une bonne soirée.
Il se mit debout, s’adossa à la fenêtre. En regardant de
biais le paysage géométrique de la ville, il joua doucement
un air de Miles Davis. Puis, soudain, il avisa, sur une table
basse, le courrier qu’avait déposé la femme de ménage et
qu’il n’avait pas ouvert. Une enveloppe lui attira l’œil. Elle
était plus large que les lettres ordinaires et d’un papier
grossier, taché d’auréoles bleuâtres. Son nom était écrit en
grosses lettres d’imprimerie et l’adresse était celle de
Providence. Quelqu’un, là-bas, lui avait fait suivre.
Il l’ouvrit et vit qu’elle contenait cinq feuillets sans rature,
recto verso, d’une écriture ronde, régulière, un peu
tremblée par endroits.
Rio de Janeiro, le 12 août
« Cher monsieur,
Nous ne nous sommes pas revus depuis notre brève
rencontre à l’hôtel Oceania. Je tenais à vous remercier
pour ce que vous avez fait. Quelque chose au fond de moi
me disait que je pouvais avoir confiance en vous. Mais