Le Parfum D'Adam

s’engagea dans l’entrée obscure, en regardant le sol pour
ne pas glisser sur les taches d’huile qui parsemaient la
rampe. Il était à mi-chemin de la descente quand il
remarqua un renfoncement sur le côté, un local à poubelles
sans doute. Il luttait, depuis son entrée, contre le sentiment
irrationnel qu’il était en train de commettre une erreur, qu’il
n’avait pas pris les précautions de prudence les plus
élémentaires, et pourtant il continuait d’avancer. Ce qui se
passa alors en un éclair, au lieu de le terrifier, lui apporta le
soulagement paradoxal d’avoir eu raison. Mais trop tard.
Deux silhouettes cagoulées avaient bondi sur lui. Il sentit le
canon d’une arme sur sa nuque. Du côté gauche quelqu’un
repliait son bras dans le dos et le poussait en avant. La
fille, au sous-sol, avait disparu. La minuterie s’était éteinte.
Il marcha, sous la contrainte de ses deux assaillants, à la
lueur verdâtre des sorties de secours. Ils le poussèrent
jusqu’à un 4 x 4 garé le nez vers la sortie. Le coffre arrière
était ouvert. Ils le bâillonnèrent et le poussèrent à l’intérieur.
Il se recroquevilla pour ne pas être écrasé par le hayon.
Puis il entendit claquer les portières. La voiture démarra,
une tôle heurta le sol en franchissant l’angle de la rampe.
Paul vit un instant clignoter la lumière jaune de l’entrée. Il
distingua encore des lueurs de néons, puis des halos
orangés de réverbères, des éclats de phares. La voiture
filait sur une voie rapide.
Tyrol. Autriche.