Le Parfum D'Adam

un silence gêné s’installa.
— Hum, fit Paul qui se rendait compte de son erreur,
vous nous avez décidément transmis votre passion pour
cette maladie.
— J’en suis heureux, dit Champel en essuyant ses
lunettes avec le bout de sa cravate.
Il les rechaussa et dit d’un air sévère :
— J’espère seulement que cette passion est au service
d’une bonne cause.
C’était la première fois qu’il semblait se préoccuper des
intentions de ses interlocuteurs.
Paul jugea utile de faire une mise au point immédiate.
— Écoutez, professeur, dit-il, nous avons des raisons de
penser que certains groupes, disons terroristes, pourraient
trouver un intérêt à un organisme comme le choléra,
justement à cause de sa cible particulière.
— Le seul avantage du 11 septembre, soupira le
professeur, est d’avoir rendu vraisemblables les plus
inconcevables folies.
Il secoua la tête comme s’il désapprouvait le choix d’un
lointain cousin pour son mariage.
— Auriez-vous eu connaissance de recherches menées
quelque part sur le choléra, même de façon marginale ou
incertaine, à des fins de bioterrorisme ?
— Non. Au temps de la guerre froide, il y avait des
rumeurs, et bien sûr, on ne prêtait qu’aux riches : on