Le Parfum D'Adam

en cas d’urgence, ne pas être gênée dans ses
mouvements. Kerry avait gardé ses chaussures de jogging.
Elle portait une chemise de golf et un jean élastique qui lui
collait à la peau. Elle n’avait ni veste ni portefeuille ni sac,
rien qui risquât de rester derrière elle. Elle avait coiffé ses
cheveux en deux nattes, rabattues de chaque côté, ce qui
lui donnait un air vaguement vénitien. À cause de cette
tenue et surtout de l’aisance et de la joie qui émanaient
d’elle, les gens se retournaient sur son passage. Elle s’en
alarma, mais il était trop tard pour quelle puisse rentrer se
changer.
En arrivant à One Earth, elle s’efforça d’éteindre son
regard, de se voûter un peu, mais cela ne l’empêcha pas
d’attirer l’attention. Un garçon qui ne lui avait jamais parlé
et travaillait, croyait-elle, au département Afrique, lui
proposa un café. Elle refusa, mais il la suivit.
— Tu es bien matinale, hasarda-t-il gauchement, histoire
d’engager la conversation.
— Il faut que je communique avec le Laos.
C’était le prétexte arrangé en accord avec Providence
pour justifier sa présence si tôt au bureau.
— Ah ! Oui, le décalage horaire, je comprends.
Il la suivait toujours. Il était lourd, ce gros cochon, mais
c’était à elle-même qu’elle en voulait. Elle avait négligé le
facteur de séduction qui était une donnée relativement
nouvelle de sa personnalité. Autrefois, quand elle était
encore à la Compagnie, elle gardait un côté gamine