Le Parfum D'Adam

Kerry secoua la tête. Elle n’avait rien à ajouter. La
position défensive n’avait jamais été sa préférée et elle
choisit de retourner la question.
— Tu as des idées là-dessus, toi ? Raconte-moi un peu
ce que tu as découvert sur Harrow.
— Viens, dit-il en tendant la main, on va réfléchir en se
promenant.
C’était une de leurs vieilles habitudes. Elle datait de
cette époque pourtant proche mais déjà préhistorique où
l’on apprenait aux espions à se défier des micros fixes.
Les affaires sérieuses devaient se traiter en mouvement et
dans des espaces découverts. Mais, pour Kerry et Paul,
ces promenades étaient vite devenues des moments de
plaisir. C’était le meilleur moyen de pouvoir s’échapper
des contraintes et des indiscrétions du service.
— Il faut qu’on reprenne tout le raisonnement depuis le
début, dit Paul, en faisant descendre sur le nez les lunettes
de soleil qu’il avait gardées au-dessus du front.
Ils prirent pied sur la pelouse et commencèrent à
descendre vers l’étang en contrebas.
— Je commence. Le père de Ted Harrow est le rejeton
d’une grande famille de Nouvelle-Angleterre. Il s’est ruiné et
a fini ses jours de façon misérable à la suite d’une
mésalliance. La mère de l’enfant est une Indienne arrachée
à sa culture. Je l’ai retrouvée. Elle vit près d’ici dans
l’Idaho. C’est une femme blessée par la vie qui vomit toute
l’espèce humaine. Elle hait les Indiens parce qu’elle les