Le Parfum D'Adam

Nantucket, fils d’immigrants suédois. Il était aussi blême et
blond que Barney était noir et les deux cousins ne se
ressemblaient pas du tout. Ils s’étaient pourtant toujours
très bien entendus. Barney avait tout de suite pensé à
Somerset quand il s’était agi d’organiser un rendez-vous
clandestin avec Paul.
Le shipchandler habitait au premier étage de sa
boutique. Son appartement, tout en longueur comme le
magasin, était aussi dépouillé que celui-ci était encombré.
Sur les murs blancs étaient accrochés des objets
provenant de son père et qui se rattachaient tous à la
chasse à la baleine. Un énorme tableau représentait un
harponneur dans une barque à rames guettant l’écume
rouge, tandis qu’un cachalot s’éloignait, l’arme plantée sur
son dos. L’ensemble était à la fois violent, romantique mais
surtout équilibré : la coque de planches de la barque avait
la teinte, la forme et le galbe de la baleine elle-même et le
câble du harpon reliait les deux masses sans qu’on sache
quel destin serait le plus tragique, celui du chasseur ou de
sa proie monstrueuse. Une longue table en acajou
entourée de tabourets constituait tout l’ameublement de ce
salon. Barney y prit place, seul, à onze heures vingt-cinq.
Somerset servait les clients dans la boutique et les autres
n’étaient pas encore arrivés.
À onze heures trente, Martha se glissa par la porte de
derrière, dont le verrou avait été laissé ouvert. Elle rejoignit
Barney à l’étage.
— Pas de problème ? demanda-t-il.