Le Parfum D'Adam

Rio de Janeiro. Brésil.
5
Les premiers orages arrivaient sur les mornes. Le pain
de sucre était coiffé de brume. Il ne pleuvait pas encore,
mais ce n’était plus le beau temps. Sur Copacabana,
déserte et froide, la mer prenait des couleurs métalliques
sous un ciel pommelé de noir.
Dans la pension de Laranjeiras, Juliette restait de
longues heures à plat ventre sur le lit, à regarder rouler les
nuages à travers la fenêtre fermée. Rien n’est glacial
comme un pays chaud dès que le soleil disparaît et que
l’humidité pénètre les maisons sans chauffage.
Juliette se sentait comme un gladiateur qui va jouer le
rôle principal dans le spectacle, mais ne prend aucune part
à sa préparation. Elle voyait Harrow s’affairer. Des coups
de téléphone le dérangeaient sans cesse et il sortait de la
chambre pour répondre. Des visiteurs se succédaient, en
bas, dans les salons où le propriétaire avait allumé un feu
de bois d’eucalyptus. Zé-Paulo était le plus assidu pour
ces réunions. Il emmenait souvent Harrow dans sa voiture
et le déposait tard dans la nuit. Juliette prenait ses repas
seule. L’hôtel ne faisait plus restaurant, mais il restait une