Le Parfum D'Adam

écouter, mais elle ne pouvait s’empêcher d’entendre des
bribes de conversations. Il y était question de conteneurs
qui arrivaient d’Amazonie, d’étuves de stockage, de
calculs de densité. Quelque chose s’était déconnecté en
elle : ces mots mêmes n’avaient plus de sens. Elle ne
cherchait plus à comprendre ce qui allait se passer ni à
deviner le rôle qu’elle tiendrait. Elle flottait dans un état
particulier, une apesanteur mentale, à égale distance de
l’exaltation et de la mélancolie, comme un plongeur qui,
après s’être élancé en l’air en sautant sur son tremplin, sent
que l’élan s’épuise et qu’il va bientôt être attiré vers le bas.
Elle rêvait à Harrow, à la forme de ses lèvres, à la
rudesse de ses mains. Elle se demandait si elle l’aimait,
se répondait non, puis détaillait longuement les raisons qui
l’en empêchaient, pour conclure enfin qu’aucune n’était
vraiment ni solide ni définitive.
Au deuxième jour de réclusion et de pluie, Harrow prit
enfin le temps de lui parler. Il l’emmena dans le salon près
du feu. C’était une manière de provoquer un face-à-face
sans intimité, car les allées et venues dans l’hôtel étaient
permanentes.
— Nous arrivons à la phase finale, annonça-t-il.
Elle lui souriait.
— Le produit dont nous t’avons parlé se présentera sous
la forme de petits conteneurs sous pression. Chacun aura
la taille d’une grosse Cocotte-Minute. Il y en aura quatre.
Juliette suivait les yeux de Harrow, mais ils se