Le Parfum D'Adam

— Oui, s’animait McLeod, cela veut dire simplement que
le progrès, désormais, ne peut plus s’appliquer à tous. Il y a
une partie de l’humanité qui ne devra pas monter dans la
barque sinon elle risque de la faire chavirer.
— C’est effrayant, dit Paul. Cela veut dire que des
milliards d’hommes sont condamnés à la souffrance et à la
misère.
Il avait approché la seringue du petit raccord en
caoutchouc situé sur la tubulure et qui permet d’effectuer
des injections. En terminant sa phrase, il piqua le raccord.
McLeod parut tout à coup se rendre compte de quelque
chose. Il fixa la tubulure, la seringue, puis ses yeux
remontèrent jusqu’à ceux de Paul. L’ambiance était
toujours calme, feutrée et la tension s’exprimait par
d’imperceptibles signes dans les regards.
— Ce n’est pas… ? fit McLeod.
— Non, en effet.
Paul ouvrit la main gauche : dans sa paume roulait le
flacon d’antimitotique. Il était plein. Les yeux du milliardaire
revinrent à la seringue, il haussa les sourcils en signe
d’interrogation.
— Du potassium, dit Paul. Si je l’injecte dans la tubulure,
votre cœur se mettra immédiatement en fibrillation et vous
mourrez.
McLeod ne disait rien. Ses yeux allaient de la seringue à
Paul. Il restait très calme.