Le Parfum D'Adam

ne savait pas où il l’emmenait mais elle n’avait pas peur.
— Tu es né par ici ? lui demanda-t-elle pendant qu’ils
picoraient les épis grillés du maïs.
— Non. J’ai grandi plus au nord, dans les Rocheuses.
Avec la nuit, ses yeux bleus perdaient leur éclat
troublant. Il semblait plus familier, plus humain.
— Tu as l’air de bien connaître la région. Comment faistu
pour retrouver le chemin ? Je me serais perdue dix fois.
— Il y a des signes.
— Des signes ! Depuis qu’on est partis, je n’ai vu
aucune trace humaine.
Harrow haussa les épaules et, pour la première fois,
sourit.
— Ici, tu es en territoire indien. Les Indiens ne blessent
pas la terre. Quand ils tracent des signes, ce sont de
petites choses : une branche cassée, une plume attachée
à un arbre, trois pierres disposées en triangle… Il faut que
tu regardes mieux.
— Et toi, comment as-tu appris à lire les signes
indiens ?
Il tourna la tête vers elle et ses traits, un instant, furent
éclairés par les courtes flammes. Ses cheveux raides, son
nez busqué, ses hautes pommettes, teintés de cuivre par le
feu, composaient un ensemble sans équivoque.
— Tu es indien, c’est ça ?