Le Parfum D'Adam

alle à Wilburn.
Tout démarre il y a environ quatre ans. Les premiers
signes de tiraillement sont perceptibles dans des articles
publiés par le journal interne de One Earth, une publication
destinée aux adhérents et qui reste très convenue. Au
début, il semble que les dirigeants n’aient pas vu venir le
coup : ils ont laissé s’exprimer ces voix discordantes. Très
vite, pourtant, ils ont compris le danger et ils ont décidé de
reprendre l’organisation en main. À partir de là, on ne
retrouve plus rien dans les journaux internes. Seulement
des éditoriaux émanant de la direction du mouvement qui
font mention de contradictions, d’objections combattues
comme de véritables hérésies.
— Mais sur quoi portait exactement le débat ?
— Sur la place de l’être humain dans la nature, dit
Wilburn.
Occupé à tirer une petite peau autour d’un ongle,
Alexander poussa un bruyant soupir. Kerry fit signe à
Wilburn de ne pas se laisser déstabiliser.
— Il y a toujours eu deux courants dans l’écologie
américaine. L’un, qu’on peut appeler humaniste, considère
qu’il faut protéger la nature pour faire le bonheur de
l’homme. C’est une perspective morale dans laquelle
l’essentiel reste l’être humain et son avenir.
— C’est la version modérée, « raisonnable » si l’on veut,
de l’écologie, précisa Kerry, qui tenait à montrer qu’elle
considérait ce débat comme essentiel.