Le Parfum D'Adam

poussée trop vite, boule de nerfs qui amuse, fascine
même, mais suscite une certaine méfiance. On la sentait
capable de réactions imprévisibles. L’âge, la maternité,
une forme d’épanouissement et de bonheur avaient ajouté
à cela une force qui attire d’autant plus les hommes qu’ils
sont faibles. Celui-là l’était beaucoup, ce qui le rendait
collant. Bien sûr, un froncement de sourcils en viendrait à
bout, mais en attendant, elle s’était fait repérer. Première
règle de l’action : être quelconque…
Au milieu du couloir, devant la porte de Ginger, elle
s’arrêta et dit avec un grand sourire :
— Désolée, mon vieux ! Mais au Laos, je dois
transmettre un message confidentiel du board. On se verra
plus tard.
Ces derniers mots étaient une antiphrase totale. Leur
sens véritable et à peine caché était : « Casse-toi, goret ! »
Elle entra dans le bureau de Ginger et referma derrière
elle. Elle respira profondément et oublia ce stupide
incident. Le reste du plan était là, clair, devant ses yeux.
D’abord, verrouiller la porte.
Ils en avaient débattu longuement. Tara était contre.
Après tout, si quelqu’un la surprenait, Kerry était autorisée
à faire du rangement. Pourquoi s’enfermerait-elle a clef ?
En même temps, si c’était Ginger qui débarquait…
Finalement, Kerry avait tranché. Elle tourna doucement la
clef dans la serrure, pour qu’on ne l’entende pas du dehors.
Ensuite, elle tira de sa poche un passe-partout. Elle