Le Parfum D'Adam

se faire plaisir ; de prendre un long bain, de s’allonger sur
un lit épais, aux draps soigneusement repassés. Elle fit
exactement ce qu’elle avait prévu et s’assoupit.
La faim l’éveilla vers neuf heures du soir. Elle se fit
monter une omelette-salade dans sa chambre. Ce simple
plat, avec ses accessoires, assiettes, salières, pain,
beurre, couverts, condiments, serviette, etc., occupait toute
une desserte à tambour. Une femme de chambre dodue la
poussa jusqu’au milieu de la pièce. Ensuite, elle tapa
vigoureusement la couette et les oreillers, tira les rideaux,
posa un petit chocolat enveloppé dans un papier doré sur
le lit, et disparut sans avoir dit un mot.
Kerry regarda quelques chaînes de télévision, s’arrêta
un instant sur les titres de CNN : l’Irak, une fusillade dans
une école à Newark, un nouvel État qui mariait les
homosexuels. La routine, en somme. Elle éteignit.
Avec le décalage horaire, elle pouvait recevoir d’un
moment à l’autre un appel de Paul. Elle se mit à réfléchir
aux décisions qu’ils devaient prendre. Elle attendrait
d’abord de savoir ce qu’il avait découvert de son côté. Soit
Paul parvenait à retrouver cette Juliette et elle le rejoindrait
pour la suivre. C’était la meilleure hypothèse, celle qui les
réunirait au plus vite dans l’action. Soit c’était une impasse
et il faudrait donner la priorité à la piste entrouverte par sa
rencontre avec Fritsch.
Il y avait encore de nombreux points d’ombre de ce côtélà.
Il était certain que le groupe de Harrow était relié
intellectuellement et peut-être directement aux idées de