Le Parfum D'Adam

— Et dans le cas où elle l’aurait été, poursuivit Paul,
pourrait-on imaginer que ce ne soit qu’une étape ?
Le professeur se recula sur sa chaise et prit l’air étonné.
— Précisez ce que vous voulez dire.
— Mettons que vous laissiez divaguer votre imagination.
Pourrait-on provoquer d’autres transformations pour rendre
ce vibrion plus… dangereux encore ?
— D’autres croisements génétiques sont certainement
possibles avec les souches de vibrion non pathogène. On
en connaît plus de cent cinquante aujourd’hui. Chacune a
son profil, je dirais presque ses qualités. Certaines sont
très contagieuses, d’autres passent facilement dans le
sang et provoquent des septicémies. C’est un peu comme
pour l’élevage des chiens ou des chevaux, on peut
sélectionner certains caractères pour modifier une race.
— Avec tout cela, on pourrait concevoir de créer un
supercholéra ?
— Un microbe ayant d’autres propriétés, peut-être. Plus
résistant, plus pathogène, c’est certainement possible.
Mais on ne peut pas le changer du tout au tout. Même
transformé, le choléra resterait toujours une maladie des
pauvres.
— Pourquoi ?
— Parce que, de toute façon la contagion resterait liée
au manque d’hygiène, c’est le cas pour tous les vibrions. Et
aussi parce que la maladie cholérique ne peut affecter que