Le Parfum D'Adam

tard mais tout d’un coup, comme un ami qui débarque sans
prévenir quand on ne l’espérait plus.
Avec l’âge, Burton n’avait plus besoin de guetter les
infractions. Il gardait le nez en l’air, pour observer le ciel
pâle entre les buildings de verre. Aussi ne prêta-t-il aucune
attention ce matin-là à une Chevrolet arrêtée devant une
entrée de garage. Une fois que Burton eut dépassé la
voiture, la portière s’ouvrit et une femme en sortit. Brune,
très mince, serrée dans un manteau un peu trop large, elle
marcha d’un pas rapide et, en moins d’un bloc, rattrapa le
vieux policeman.
— Burt, appela-t-elle doucement.
Il se retourna, le sourcil froncé, avec cette expression
bourrue, indignée et bon enfant qui marquait pour lui la
pose de l’autorité.
— Juliette !
Il la saisit par les épaules et l’embrassa sur les deux
joues. Tout de suite après, il jeta des coups d’œil inquiets
aux alentours pour voir si personne n’avait été témoin de
cette entorse à la dignité de sa fonction.
— Qu’est-ce que tu fais à Philadelphie ?
— Je vous avais écrit que je passerais. Vous avez bien
reçu mon courrier ?
— Et ton paquet ! Que je garde précieusement à la
maison. Combien de temps restes-tu ?
— Je repars ce soir.