Le Parfum D'Adam

— Comme nous le pensions : une répétition générale.
Dans un milieu clos, avec un vibrion classique, histoire de
comparer différentes méthodes de contamination.
Kerry se leva et reprit le sentier dans la direction de
l’isba. Paul la suivit silencieusement. Tous les deux étaient
entraînés dans des pensées chaotiques, faites de doute,
de conviction, de volonté d’agir et de sentiment
d’impuissance et de dégoût.
— Si on est dans le vrai, murmura Kerry, je comprends
la trouille des gens de One Earth quand Harrow est venu
leur proposer un tel projet. Ça explique pourquoi ils n’ont
même pas pu en faire une mention explicite dans leurs
comptes rendus.
Ils étaient revenus pas à pas jusqu’à la pelouse qui
s’étendait devant leur isba. Le soleil dépassait maintenant
la cime des arbres et faisait crier le vert tendre de l’herbe
drue.
— C’est un projet monstrueux, inouï, dit Paul, la plus
grande opération d’extermination qu’on ait jamais conçue,
une catastrophe planétaire.
Puis il eut un pâle sourire et ajouta, presque dans un
souffle :
— Personne n’a jamais eu à relever un pareil défi…
Kerry était ébranlée par la certitude passionnée de Paul.
Elle le regarda longuement. Ses cheveux noirs étaient
ébouriffés et il avait tressé ses favoris à force de les triturer
en parlant. C’était exactement comme cela qu’elle l’aimait :