Le Parfum D'Adam

juge dégénérés ; les Blancs parce qu’ils l’ont rejetée. Mais
plus que tout au monde elle déteste les Noirs parce qu’ils
sont, pour elle, le symbole de la misère. Tout donne à
penser qu’elle a communiqué ces sentiments à son fils. Le
jeune Harrow fricote avec les Indiens d’une réserve. Il se
bricole une vision du monde à lui, comme d’autres
ramassent n’importe quoi pour se construire une cabane.
Pour ne pas faire la guerre dans le Golfe, il s’échappe au
Canada. À Vancouver, il fréquente une faune de militants
écolos. Ils lui parlent de la nature. Ils lui font lire des livres,
l’entraînent dans des bagarres avec la police. Il croit avoir
trouvé ce qu’il cherche. Quand il rentre aux Etats-Unis, il
s’adresse à One Earth où sa brutale simplicité fait
merveille.
— Il me semble qu’on savait déjà tout ça.
— D’accord, mais je t’ai dit que je reprenais l’ensemble.
Ils étaient parvenus près de l’étang. Une trace, dans la
boue noire de la berge, formait comme un sentier entre les
roseaux. Il devait permettre de faire le tour du plan d’eau à
pied sec. Paul les y engagea tout en continuant de parler.
— À One Earth, il y a quatre ans, Harrow assiste à une
première fronde. Des membres de l’association jugent
qu’elle s’embourgeoise. Il trouve qu’ils n’ont pas tort. La
direction reprend les choses en main. Harrow reste à One
Earth, mais sa réflexion est engagée. Avec ses idées
simples et son expérience de l’action, il élabore une
synthèse radicale. Son charisme est énorme, son intégrité
évidente. Ses idées sont terrifiantes. Il propose ni plus ni