Le Parfum D'Adam

d’originalité et d’insoumission qui avait toujours été la
sienne au milieu de ses sœurs. Mais, au fond, elle n’avait
agi que sous la pression du petit groupe que constituait sa
famille et au sein duquel lui était dévolu, malgré elle, le rôle
de garçon manqué. Elle avait envie de reprendre des
études et son attirance pour la psychologie lui semblait
mériter mieux que la lecture désordonnée d’articles de
vulgarisation ou d’ouvrages grand public. Surtout, dans ce
monde d’hommes où son engagement l’avait plongée, elle
regardait autrement sa condition de femme. Au milieu de
ses sœurs coquettes et futiles, elle avait été poussée à
rejeter sa féminité, à n’en faire qu’un instrument parmi
d’autres comme l’intelligence, la performance sportive ou
le sens de l’humour. Aujourd’hui, elle y voyait quelque
chose de plus essentiel et de plus grand. Elle avait le désir
d’une vie de femme, d’une relation de couple. Elle voulait
une famille.
Paul et elle discutèrent longuement de leur commune
décision et des voies qui les y avaient conduits. La
tentation de rester ensemble dans cette nouvelle vie était
forte. Mais une dernière mission les en dissuada. C’était
dans le Caucase, aux côtés de factions tchétchènes
auxquelles les États-Unis, tentaient d’apporter une aide
secrète. Rien ne s’était passé d’extraordinaire pendant
cette opération relativement simple quoique éprouvante
physiquement. Mais dans ces montagnes sublimes, au
milieu de ce peuple sacrifié, incroyablement rude, ils
avaient vécu des moments d’une telle intensité amoureuse