Le Parfum D'Adam

ce pas ?
Paul se demanda un instant pourquoi McLeod se
montrait aussi sûr qu’il ne pourrait faire aucun usage des
informations qu’il prétendait lui livrer. Il se demanda si le
vieillard n’allait pas simplement gagner du temps en
inventant une histoire de toutes pièces. Pourtant, sans bien
savoir pourquoi, Paul avait la conviction que les propos de
McLeod sonnaient juste. De toute façon, sans se l’avouer, il
était fasciné par la force de ce personnage moribond,
menacé, mais qui trouvait encore la ressource de se battre
pour un projet plus grand que lui.
— Vous avez bien joué, chez Fritsch, dit McLeod d’une
voix sourde. L’homme que nous avions placé là pour
prendre soin de notre vieux maître n’a vraiment rien pu
faire.
Ils étaient toujours face à face, mais McLeod avait
maintenant appuyé son cou loin en arrière, sur la têtière du
fauteuil. Il regardait dans le vague. Paul comprit qu’il allait
commencer son récit au séminaire 67 et qu’il ne devrait
pas l’interrompre.
« Quand je suis arrivé au séminaire de Fritsch, j’étais
pauvre, vous savez. Très pauvre. Certains matins, je
mettais la main dans ma poche et, en touchant la petite
monnaie qui traînait au fond, je calculais si je pouvais
m’acheter la moitié d’un pain ou seulement un quart.
Fritsch ne me faisait pas payer, mais il ne me nourrissait