Le Parfum D'Adam

au moment de son service militaire, mais c’était pour
disparaître encore. Il était comptabilisé parmi les « draftdodgers
», ces insoumis qui voulaient échapper à la guerre
du Golfe. On pouvait penser que, comme beaucoup, il avait
fui au Canada. Les vérifications opérées par Providence
avaient permis de confirmer cette hypothèse et même de
retrouver certaines des personnes qu’il avait connues làbas.
Aucune n’avait malheureusement gardé de contact
avec lui. Plusieurs preuves de son implication dans des
actions écologistes en Colombie-Britannique avaient été
réunies. Mais là encore il ne semblait pas qu’il ait cherché
à maintenir un lien avec ces milieux.
Finalement la période la mieux documentée était celle
qu’il avait passée à One Earth. Il avait rejoint l’organisation
en 1995 et y avait connu une ascension fulgurante : moins
de deux ans plus tard, il était coopté parmi les membres du
board. Il le devait à son amitié avec Jerry Metcalff, un des
dirigeants historiques du mouvement. Metcalff refusait
toutes les interviews : il était impossible de lui demander
sa version des faits. On devait se contenter du livre de
Mémoires qu’il avait publié l’année précédente. Il y
prétendait que Harrow et lui s’étaient connus par hasard au
cours d’une opération musclée contre un chantier de
déboisement. Il l’avait recruté pour One Earth à cause de
son courage physique. Il admirait sa connaissance des
Indiens et jugeait qu’il avait contribué à nourrir l’action
écologique en lui apportant ces références à la pensée
indienne. Mais il avouait que Harrow était toujours resté