Le Parfum D'Adam

humaines en pratiquant des sabotages, etc. Parmi ceux
qui l’ont rejointe, il était fatal qu’un jour certains veuillent
aller plus loin et s’attaquer non plus à l’activité humaine,
mais à l’espèce humaine.
— C’était là-dessus que portaient les dissidences, il y a
quatre ans ?
— Précisément. Après les grandes bagarres avec les
bûcherons, certains ont commencé à dire : « il faut finir le
travail. Les meurtriers de la nature ne méritent aucune pitié.
Il ne suffit pas de mettre du sable dans le réservoir de leurs
engins. Il faut supprimer ceux qui les conduisent. »
— Carrément.
— One Earth n’a pas été la seule organisation à
connaître ce type de tension. Chez les gauchistes
défenseurs des baleines, il y a eu la même évolution. On a
vu des militants juger Greenworld trop modérée. Certains
d’entre eux ont acheté un bateau, armé la proue avec du
béton et sont allés éperonner un baleinier portugais pour le
couler.
— Sérieux ?
— Absolument authentique. Quand ils ont vu ça, les
dirigeants de One Earth ont pris peur, évidemment, et ils
ont tracé une ligne rouge : on ne touche pas à la vie
humaine.
— Ça a marché ?
— Dans un premier temps, reprit Tara. Pendant six
mois, on ne retrouve plus aucune trace de contestation