Le Parfum D'Adam

dit-elle en tendant la main, ses yeux bien droits plantés
dans ceux de Barney.
Elle avait discipliné ses cheveux, comme elle le faisait
autrefois : ils lui pendaient sur la nuque en une natte dense,
raide comme un totem africain. Elle portait un pantalon en
serge verte d’aspect un peu militaire, mais qui moulait ses
formes de façon très féminine. Evidemment, Barney était
conquis. Pour un peu, il se serait presque tenu droit.
Il les fit asseoir devant son bureau. Kerry, avec
discrétion mais ostensiblement, balaya du regard le mur
couvert de diplômes encadrés et de photos de Barney. Il y
en avait quelques-unes en toge et bonnet carré. Mais la
plupart le représentaient en tenue de base-ball, le gant de
cuir à la main.
— Je vais appeler Alexander et Tara.
D’un geste élégant, Barney appuya sur une touche de
son standard personnel, instrument qui mettait en valeur
son pouvoir. Paul ne l’aurait pas cru capable de cette petite
vanité. Décidément, Kerry était très forte.
Il la regardait avec délices. Ce n’était pas seulement le
bonheur d’être près d’elle. Mais il voyait que le choix qu’ils
avaient fait était le bon : il avait préservé intacte leur
complicité. Il sentait qu’il allait de nouveau et bientôt entrer
dans une terrible rivalité avec elle. Mais il savait aussi ce
que cette violence leur apporterait comme irremplaçable
bonheur.
Alexander arriva très rapidement, à croire que, cette