Le Parfum D'Adam

Lebel alluma sa cigarette et inspira une énorme bouffée.
Paul l’observait avec fascination, attendant que la fumée
ressorte. Mais ses poumons devaient ressentir un tel
manque qu’ils la retinrent complètement. Avec la nicotine,
les couleurs revinrent sur le visage de l’inspecteur. Une
roseur de jambon au torchon teinta légèrement ses joues.
Il se mit à sourire en regardant ses interlocuteurs
désemparés. Visiblement, il ne lui déplaisait pas de venger
l’honneur sans cesse compromis de la police française. Il
abattit sa dernière carte :
— Il y a seulement une journée que votre agence nous a
contactés, commença-t-il. Nous n’avons pas pu enquêter
beaucoup. Toutefois…
Il prit un air modeste et s’arrêta pour ménager son effet :
— ... j’ai quand même fait vérifier l’emploi du temps de
ladite Juliette aux dates qui vous intéressent.
Paul se mordit la lèvre : c’était évidemment la chose à
faire. Le décalage horaire le mettait décidément dans le
potage et lui ôtait tous ses réflexes professionnels.
— Et alors ?
— Alors, elle s’est absentée de son collège pendant
quatre jours au moment de votre affaire polonaise : partie
l’avant-veille, rentrée le lendemain. Motif : maladie. Pas de
certificat médical.
Une vive émotion saisit Paul en cet instant. Ainsi son
intuition était-elle justifiée, alors qu’il s’était résigné à la voir