Le Parfum D'Adam

salle à manger. La nourriture était apportée par une vieille
femme depuis une churrascaria voisine.
Quand Harrow rentrait, Juliette se blottissait contre lui. Il
semblait l’accepter de mauvaise grâce. Passé leur
première étreinte, il ne s’était pas montré plus tendre. Ils
avaient refait l’amour, à son initiative à elle. Cela lui avait
paru plus mécanique et plus froid que la première fois.
Peut-être était-ce simplement que ses attentes s’étaient
modifiées. Après la surprise de la découverte, l’ivresse de
l’inconnu, le déroutant ballet des gestes et des sensations,
elle attendait des mots tendres, des attentions, une
complicité. Harrow ne paraissait disposé à donner rien de
tout cela.
Elle mit cette froideur sur le compte de la tension
nerveuse. Sa rêverie s’était déplacée : elle pensait moins à
ce qu’ils allaient faire et plus à son nouvel amant.
Les premières pluies arrivèrent pendant la nuit. Juliette
ne dormait pas. Elle sortit sur le balcon pour jouir du
spectacle de l’eau en épaisses cataractes ruisselant sur
les palmes et formant spirale autour du tronc des
jacarandas. Elle entendait les rigoles de pluie dévaler à
gros bouillons la ruelle voisine. Toute l’atmosphère baignait
dans une eau tiède et douce, mais qui portait des odeurs
de mer. Elle se coucha quand l’aube commença de teinter
le ciel de gris et s’endormit en écoutant le tambourinement
des gouttes d’eau sur l’auvent de tôle du balcon.
L’arrivée de la pluie accéléra les préparatifs. Le portable
de Harrow sonnait sans arrêt. Juliette ne cherchait pas à