Le Parfum D'Adam

désormais avait une dimension mondiale.
Cela laissait également supposer que l’opération qu’ils
planifiaient était de grande envergure, complexe et
requérait de la patience.
Dans les rares moments qu’ils passaient ensemble et
où il n’était pas occupé, Harrow interrogeait Juliette sur ce
qu’elle avait lu. Il lui faisait observer les étoiles avec la
lunette astronomique qui restait en permanence montée
sur un trépied dans un coin de la terrasse. Il ne parlait pas
de l’opération à venir et elle se faisait une règle de ne pas
l’interroger. Un jour seulement, elle lui demanda s’il ne
craignait pas que leur cachette soit découverte. Il y avait
des allées et venues qui pouvaient être suspectes dans ce
coin sauvage. Et tout le matériel qui était stocké là, en plein
désert… Et ces communications avec le monde entier ?
Ce n’était pas tellement l’expression d’une curiosité.
Plutôt l’effet d’une sincère préoccupation pour le bien de
Ted, avec en toile de fond la crainte que leur plan échoue
et que tous ses espoirs d’action soient ruinés.
Harrow avait écouté sa question en restant impassible
et la réponse avait nourri la méditation de Juliette toute la
journée suivante.
— On ne surveille que ce dont on a peur, dit-il.
Et, clignant ses yeux bleus un long instant, comme il en
avait l’habitude quand il voulait dissimuler ses sentiments, il
ajouta :
— On n’a pas peur de ce qu’on ne peut pas imaginer.