Le Parfum D'Adam

nous convient.
— Vous avez parfaitement raison ! s’écria Joâo. Ne
parlez à personne. Vous êtes tombé sur moi, c’est une
chance. Je vous aiderai de façon désintéressée. Mais il n’y
en a pas deux autres dans l’île qui réagiraient ainsi.
Pleinement rassuré sur le désintéressement de Joâo,
Paul lui laissa organiser ses déplacements pour les
journées suivantes. L’hôtelier le convoierait lui-même
partout, en le présentant comme un parent éloigné auquel il
ferait visiter l’île. Le lendemain matin, dans le gros 4 x 4
climatisé de l’hôtelier, ils partaient par une mauvaise piste
pour le premier village où avaient été découverts l’année
précédente des cas de choléra.
C’était un petit ensemble de cassines éparpillées sur un
plateau sec. Le sol de lave grise était quadrillé de murets
de pierre et d’épineux. À ce détail seul on comprenait qu’il
s’agissait de champs. Les maisons étaient construites en
claires-voies de bois et les interstices mal obturés avec du
torchis. Quelques-unes étaient peintes, mais les couleurs
avaient coulé. Il devait donc de temps en temps y avoir des
pluies, mais elles étaient certainement brèves et
torrentielles. Paul arpenta le village. La présence de Joao
tenait les habitants en respect.
— Il y a de l’eau, ici ?
Joao appela le chef du village et lui traduisit la question
avec rudesse.
— Il dit qu’ils ont creusé un réservoir un peu plus haut.