Le Parfum D'Adam

ironique que les Américaines, selon leur âge et leur
expérience de la vie, jugeaient soit absolument charmant
soit insupportablement lubrique. Kerry, à qui l’idée d’être
séduite par ce petit bonhomme aux doigts jaunis de
nicotine ne traversait pas l’esprit, était plutôt tentée de le
trouver rigolo et, à sa manière, sympathique. De toute
façon, elle était heureuse d’exercer son français. Elle le
parlait moins couramment que Paul, mais c’était une
langue qui l’avait toujours intéressée à cause de ses
sonorités.
— Mon nom est Kerry. Mais méfiez-vous, ajouta-t-elle en
riant, je suis le danger incarné : la vraie femelle américaine.
L’emmerdeuse.
Elle avait prononcé ce mot avec un fort accent. Lebel
éclata de rire. Mais à voir ses yeux quand il reprit son
sérieux, on pouvait comprendre qu’il avait saisi le message
et se tiendrait à carreau.
— Comment se porte sir Archibald Morton ? demanda-til
d’une voix pleine d’onction.
— Archie va très bien, fit Paul. Il termine une longue
tournée en Extrême-Orient. Il doit rentrer cette semaine et
nous le rencontrerons en Italie.
Ils avaient communiqué avec lui sur un réseau de
Providence et Archie, sans leur donner de détail, avait
insisté pour les voir de toute urgence en Europe avant de
rentrer aux États-Unis.
— Présentez-lui mes respects, je vous prie, dit