Le Parfum D'Adam

servir mon pays. Évidemment, j’étais un ardent défenseur
de la libre entreprise, je croyais dans le capitalisme.
L’Amérique en était pour moi le temple et le moteur. Alors,
je me suis retrouvé dans les cercles politiques
républicains. J’ai financé des campagnes électorales, j’ai
participé à des think-tanks. C’était la période du renouveau
conservateur avec des gens passionnants comme Norman
Podhoretz, Richard Perle, Alan Bloom. Avec eux, je me
suis mis à réfléchir sans tabou à tout ce qui menace le
progrès et la liberté.
Le thème qui m’intéressait le plus était celui de
l’environnement. C’est curieux mais là encore j’y vois
l’influence de mon pasteur de père. Il y a dans la Bible une
immense nostalgie pour un temps révolu où l’homme et la
nature étaient en harmonie. Le paradis perdu est un des
plus puissants moteurs du christianisme. Les croyants
cherchent à le rejoindre dans l’au-delà, par le salut
individuel. Mais pour ceux qui, comme moi, ont perdu la foi,
le paradis terrestre reste un idéal collectif et concret, le
moyen de restaurer l’harmonie perdue.
Je me suis souvenu d’une phrase que mon père citait
souvent. Je la sais par cœur depuis mon enfance. Le début
n’a pas d’importance, mais je vous la cite quand même
tout entière, pour le plaisir :
« L’homme humble va vers les fauves meurtriers.
Dès qu’ils le voient, leur sauvagerie s’apaise.
Car ils sentent, venu de lui, ce parfum qu’exhalait