dédié au premier consul - Notes du mont Royal

SUR LA LOI DES DOUZE TABLES. 603
La loi des douze Tables défendoit aux étrangers d'acquérir
par l'usucapion. Cette défense étoit conçue en ces
termes : Adversùs hostem œterna auctoritas esto. Le mot jf^^'f/^'
hostis signifioit alors un étranger ( 1 ). Comme l'usucapion
(1) Telle est la signification du mot hostis, dans ces deux vers d'Ennius pour
le tombeau de P. Scipion l'Africain :
Héic est Me situs quoi nemo ce'rvei, neque hostis
Quibit profacteis reddere oprœ pretium.
Cicéron * et Sénèque * parlent de ces deux vers d'Ennius. L'orateur Romain en
cite les premiers mots du premier vers, Hic est Me situs; et Sénèque cite le reste.
Hesselius 3 a rassemblé ces deux fragmens.
Divers passages de Varron *, de Cicéron * et de Festus 6 , prouvent que les
Romains de la haute antiquité désignoient par le mot hostis, celui pour lequel
leurs descendans employèrent l'expression plus douce de pereger ou deperegrinus.
Dans le temps où telle étoit la signification du mot hostis, les Romains appeloient
perduelles, les peuples avec lesquels ils étoient en guerre. Nous avons a ce sujet
le témoignage formel de Varron 7 , et celui du jurisconsulte Caïus 8 . Le premier
nous apprend que du mot duellum vient celui de bellum, comme bonum vient de
duonum, et bellona de duellona. Du mot duellum, on forma celui de due lie s, pour
dire hostes, De du elle s on fit perduelles, c'est-à-dire, suivant le grammairien
Sosipater 9 , valdc hostes. Le per est une particule augmentative, comme dans
perquam, perficere, Ù'c. Bientôt des mœurs plus douces donnèrent lieu à des
termes moins durs. La dénomination de perduelles fut réservée pour désigner
ceux qui conspiraient contre l'état ou contre le prince ; et on se contenta d'appeler
hostes les nations avec qui on étoit en guerre. Dès-lors , par une suite naturelle
de cet adoucissement, le mot hostis cessa d'être usité pour un étranger,
et on lui substitua le mot pereger ou celui de peregrinus. Le premier est plus
ancien, le second plus fréquemment employé par les auteurs. Cependant pereger
se trouve chez les jurisconsultes; par exemple, chez Ulpien '°j et Ausone "
même s'en sert. Les Romains comprenoient sous les noms de pereger et de peregr'mus
, tous ceux qui ne jouissoient pas du droit appelé jus Quiritium, lequel,
pris dans une signification fort étendue, renferme tous les droits et privilèges
annexés à l'état de ckoyen Romain, mais qui, dans un sens plus strict, ne se
confond pas avec le jus cmtatis. Nous voyons en effet que Pline , dans plusieurs
endroits , distingue le jus Quiritium et le jus civitatis. Le jus Quiritium consistoit
dans les droits privés des citoyens Romains ; tel étoit le droit de pleine et entière
liberté, celui de famille, le connubium, qui n'étoit autre chose que le droit de contracter
mariage suivant toutes les solennités prescrites par les lois, en sorte qu'il
n'y eût à ce mariage nul empêchement civil, mariage qu'on désignoit par le mot
nupûœ. Telle étoit encore la capacité de faire un testament, de recevoir une
* Lit. II, de ltgibus, cap. 22.
7 Lit. VI, de lingua Lat'mû, p. 74.
1
Epist, 108. * Loi CCXXXIV, au Digette, de verb. signif,
' In Enniifragments, pag. 161. ' Lit. II Institut, grammat. p. 188.
4
Lit. IV , de lingua Latinâ, p. 6. '" In Fragment, tit XVII, $. 1.
s
Lit. I, de oficiis, c. 12. " Epist, XVII, ad Sjmmachunu
* Au mot Hostis. '* Leg. X, epist. 4. et j2.
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