dédié au premier consul - Notes du mont Royal

I2Ô DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
pendant plus de cinq cents ans il n'y eut à Rome aucun
exemple de divorce. Ce n'est pas que , durant ce long intervalle
, toutes les femmes eussent tellement chéri leursmaris,
et si scrupuleusement observé la fidélité conjugale ,
qu'aucune d'elles n'eût mérité d'être chassée de la maison
de son mari, après avoir subi le jugement du tribunal do-
VaièrcMaxime, mestique; l'exemple de P. Sempronius Sophus, qui répudia
l ll\ VI ' c ' 4,a ' sa femme, parce qu'à son insu elle avoit assisté aux jeux ,
suffit seul pour prouver le contraire : mais comme aucun
mari n'avoit répudié sa femme pour d'autres causes que
celles dont nous venons de parier, et que l'un de ces quatre
crimes commis par une femme autorisoit son époux à la
faire mourir, on ne les regardoit presque point comme des
causes de divorce. Or, dans un temps où les mœurs étoient
austères et où l'on étoit d'une grande sévérité , qu'étoit-il
besoin que les décemvirs prescrivissent les rites et les solennités
du divorce, dont il n'y avoit à Rome aucun exemple ï
Nous ne disconvenons pas, à la vérité, que les décemvirs
renouvelèrent la loi de Romulus passée en coutume ; l'inscription
ou rubrique de la loi XLII au Digeste, ad legem
ut. xxxiv, Julïam de adulteriis, et Tite-Live, semblent en effet l'indieap
' ' quer : mais on ne trouve dans aucun auteur de l'antiquité ,
des vestiges d'additions faites à cette loi royale. On ne peut
citer en preuve de ces additions, le passage de Cicéron dont
il s'agit, par plusieurs raisons. Premièrement, il est absurde
de prétendre que ce rit d'oter les clefs fut introduit par 1 la loi
Loin, s- «,au des douze Tables, puisque le jurisconsulte Pomponius nous
^mcMsf' ""' apprend qu'il fut réglé par les jurisconsultes, qui commentèrent
et interprétèrent cette loi des douze Tables , qu'on se
serviroit de certains rites et de certaines formules. En second
Lit.ir.cap.j. lieu, nous lisons dans Aulu-Gelle , qu'environ cinq cents
ans après la fondation de Rome il ne s'étoit encore élevé
ni dans le Latium , ni dans la capitale, aucune contestation
sur la dot des épouses à l'occasion du divorce, et que