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dédié au premier consul - Notes du mont Royal

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SUR LA LOI DES DOUZE TABLES. 619<br />

fiancée se couvroit le visage, quand on la remettoit à son<br />

époux. Selon les juris<strong>consul</strong>tes, le simple mariage est un<br />

contrat <strong>du</strong> droit des gens, par lequel un homme et une<br />

femme se. donnent mutuellement leur foi, et s'engagent<br />

» de Junon; et j'appl<strong>au</strong>dis à l'interprétation de Raevard, qui, par l'<strong>au</strong>tel de<br />

» Junon, entend le lit marital. » Gràvina ne fait point réflexion que Numa écrivoit<br />

dans un temps où il n'y avoit point encore à Rome de rhéteurs, puisqu'ils n'y<br />

furent pas même reçus sous le <strong>consul</strong>at de C. Fannius Strabon et de M. Valerius<br />

Messala, l'an de Rome 593, comme le dit Suétone '. Des pasteurs, ou <strong>du</strong> moins<br />

des hommes qui, tout récemment encore, habitoient les campagnes, tels qu'étoient<br />

les Romains sous le roi Numa, ne faisoient <strong>au</strong>cun usage <strong>du</strong> langage figuré,<br />

et n'étoient pas à portée de l'entendre. Mais, dit Gravina, le législateur a voulu,<br />

par une expression figurée et en même temps décente, couvrir une action<br />

déshonnête. Nous répondons : Que sert de prodiguer devant le peuple une décence<br />

qui n'est sentie de personne ! D'ailleurs, sans recourir à une expression figurée,<br />

n'en pouvoit-il pas employer qui fussent décentes, comme celles de virum alitnum<br />

appetert-, de nubert, et une infinité d'<strong>au</strong>tres, dont toute dame Romaine, dont<br />

une Vestale même n'<strong>au</strong>roit pas rougi de se servir i Ensuite, lorsqu'il ajoute que<br />

l'<strong>au</strong>tel de Junon désigne le lit marital, nous lui demandons un seul exemple de<br />

cette façon de s'exprimer. Les supplians , qui adressoient des prières <strong>au</strong>x dieux ,<br />

étoient dans l'usage de toucher leurs <strong>au</strong>tels : rien n'étoit plus ordinaire ; c'étoit<br />

une cérémonie de tous les jours, et même de toutes les heures ; cette façon de parler,<br />

toucher les <strong>au</strong>tels , étoit dans la bouche de tout le monde; et néanmoins on<br />

ne trouve pas qu'on s'en soit servi <strong>au</strong>trement que dans le sens propre: jamais elle<br />

n'est prise dans le sens que Raevard et Gravina veulent lui donner.<br />

„ Merula * pense que ces mots , toucher l'<strong>au</strong>tel de Junon, signifient épouser quelqu'un<br />

, en observant toutes les cérémonies prescrites pour les noces, ce qui<br />

n'étoit pas permis à une concubine ; et Heineccius } adopte cette nouvelle explication<br />

: mais on peut dire que ce n'est, de la part de ces deux commentateurs,<br />

qu'une simple assertion dont ils ne donnent <strong>au</strong>cune preuve.<br />

Le peu de solidité <strong>du</strong> système de ces divers commentateurs, est pour nous une<br />

leçon de nous en tenir <strong>au</strong> sens naturel et simple que présentent les termes dans<br />

lesquels la loi de Numa est conçue. Nous croyons donc avec Cannegieter 4 , que<br />

le législateur des Romains n'a d'<strong>au</strong>tre objet que de défendre <strong>au</strong>x concubines<br />

d'approcher de l'<strong>au</strong>tel de Junon, et d'oser faire à cette déesse des sacrifices. 11<br />

n'est pas difficile d'apercevoir pourquoi une concubine ne devoit point toucher<br />

l'<strong>au</strong>tet de Junon. On écartoit des temples et des <strong>au</strong>tels, tout ce qui étoit odieux,<br />

soit hommes , soit anim<strong>au</strong>x, soit <strong>au</strong>tre chose. Les hommes abhorrés de tous les<br />

dieux, étoient des profanes : mais quelquefois un certain genre de personnes déplaisoit<br />

à certaines divinités. C'est ainsi que les hommes 5 ne dévoient point<br />

' De claris orator. cap, t, dissertation mérite d'être lue. On la trouve<br />

" De legib. Romanis, cap. f,%. 10. dans le t. I. cr de la collection de Fellenberg,<br />

' lu Commcntario ad legem Juliam et Pap, intitulée Jurisprudenùa antiqua, et imprimée<br />

lit. I, cap. 2 , pag. 19. à Berne en 1760.<br />

* Voy, la Dissertation de Herman Canne-<br />

5 Tibulle,/./, t7

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