dédié au premier consul - Notes du mont Royal

DISCOURS PRÉLIMINAIRE. 27
cœur. La musique émeut l'ame , et ce que l'on chante se
grave plus profondément dans la mémoire. C'est pourquoi
les Agathyrses , peuple de la Sarmatie Européenne, qui,
du temps d'Aristote, n'avoient aucune teinture des lettres,
pratiquèrent cet usage, comme nous l'apprend ce philosophe
: mais cette précaution n'étoit point nécessaire à f* Prohibât.
Rome ; et il n'est pas vraisemblable que les décemvirs ,8.'" ' 9 ' 4U * Jl *
eussent assez de loisir, et eussent assez cultivé la poésie dans
ce siècle encore barbare, pour mettre en vers le code qu'ils
rédigeoient. Ajoutons que tous les fragmens de la loi des
douze Tables qui nous sont parvenus, sont écrits en prose et
non en vers. Cependant divers commentateurs prétendent
que ce corps de législation fut revêtu des agrémens de la
poésie. Guillaume Budé, qui est de ce nombre, corrige en /» •«"'*«»«
conséquence la leçon du §. 4.6 de la loi 11 au Digeste, de ori- "Ai, "aû ver»'. p
gïne juris, où il est dit que Tubéron , homme très-versé
dans le droit public et privé, sermone eùam antiquo usus affectavit
scribere. Au lieu de usus, Budé lit versus ; ce qu'il faut
entendre , ajoute-t-il, de la loi des douze Tables, qui étoit
écrite en vers. François Broeus, embrassant le même système, AJ X /««V.
argumente de ce que les diffërens chefs de la loi des douze fj*]', Jl?,!?!* 1 '
Tables ont presque tous la même désinence, et de ce qu'on
trouve souvent l'expression carmen legis , carmen rogationis,
employée par les auteurs de l'antiquité. Mais les autres T\u-Uve,/iù.
commentateurs qui, sur le style de la loi des douze Tables, '"' cap ' 4 '
pensent comme Budé et Broeus, se fondent principalement
sur deux passages de Cicéron. On lit dans le premier : LU. H, de u-
Discebamuspueri duodecim (1) ut carmen necessarium; quas e ' " s,cap ' 2 >'
jam nemo dïscit ; et dans le second : Ut totutn illud, uti LU. I, de 0-
(1) Perrenonius * dit (ju'il n'est pas question dans ce passage, de la loi des
douze Tables , que les entans apprenoient par cœur; mais de \ as, qu'ils apprenoient
à diviser en douze onces. Cette explication est destituée de toute vraisemblance
, et ne peut se concilier avec ces derniers mots du passage : Quas Jam
• ' Lit. I Animadvers. cap. 27.
D 2
tort, cap. ;7.