1 - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc
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TROIS ÉTUDES D'HISTOIRE DE LA MEDECINE ARABE EN OCCIDENT 137<br />
que celle de Saragosse fut accueillante au grammairien et médecin Ibn<br />
GanalJ, fuyant les troubles de Cordoue, et qu'à l'époque d'Ibn Beklares,<br />
Abu 'l-Façll ijasdai (1), petit-fils <strong>du</strong> médecin diplomate, devint le secrétaire<br />
de ce même Abü Gacfar Ibn Hüd, à qui fut dédié le MustaCzni.<br />
La réalité de la composition de cet ouvrage <strong>du</strong> vivant <strong>du</strong> prince, et<br />
pendant son règne de vingt-cinq années -<br />
il mourut le 1 er ragah 503/24 janvier<br />
1110, tué d'un coup de lance devant Tudela, assiégée par Alphonse le<br />
Batailleur -, est attestée par la préface. C'est à son intention que le lYlustaCinz<br />
fut composé, et, tout en faisant la part des épithètes laudatives qui<br />
lui sont prodiguées, comme il était de règle, il semble bien que ce souverain<br />
de Saragosse, guerrier doublé d'un négociateur avisé, manœuvrant habilement<br />
entre les Chrétiens et les Almoravides, ait été sinon un savant comme<br />
son père et son aïeul (2), <strong>du</strong> moins un amateur éclairé des sciences, puisqu'Ibn<br />
Beklares ajoute à sa dédicace: « Je sais bien que je suis celui qui<br />
apporte des dattes à Bagar et des nouvelles aux Guhayna »<br />
(3), locutions<br />
proverbiales familières aux Arabes, et qui correspondent à notre expression:<br />
« porter de l'eau à la rivière - ou au moulin ».<br />
Ibn Beklares, ou <strong>du</strong> moins sa famille, semble avoir été originaire des<br />
provinces <strong>du</strong> nord-est de l'Espagne, route principale des échanges commerciaux<br />
et intellectuels avec le Languedoc et la Provence, si,<br />
comme l'a<br />
suggéré Steinschneider, on rattache étymologiquement ce nom, qui n'a rien<br />
d'hébraïque, au toponyme Biclaro, monastère fondé au VIe siècle de J.-C.<br />
par saint Jean, évêque de Gérone, dans les montagnes de Tarragone, là où<br />
est aujourd'hui la ville de Vallclara (4). Cet évêque est appelé dans les<br />
(1) CUyùn,al-anba', op. cit., t. II, p. 50. Toutefois ce dernier se serait fait musulman.<br />
(2) AI-Mu'tamin b. Hüd aurait écrit un Livre de la perfection, sur l'astronomie, que comlllenta<br />
Maimonide, et dont on disait qu'il méritait d'être lu avec le même intérêt qu'Euclide ou .<br />
l'A.lmageste (!l; cf. Gonzalez Palencia, Rist. de la literat. arab. espaiiola, éd. Labor, Barcelone,<br />
1928, p. 263.<br />
(3) I:Jagar etait une ville <strong>du</strong> nord-est de l'Arabie, renommée pour l'abondance de ses dattes,<br />
e~ les Guhayna, une tribu où se passa un événement dont on peut lire le récit dans al-Maydanï,<br />
édit. Freytag, Arabufn pf'o()erbia, Bonn, 1838, t. II, p. 71, et qui donna naissance à la lo<br />
Cution « renseigné comme les Guhayna n.<br />
(4) Consulter comme sources: Isidore de Séville, De ()ir. illustr., cap. 31; Fr. H. Florez, Espana<br />
sagf'ada. Madrid, 1750-79, 2" éd., t. VI, p. 353; Fabricius, Biblioth. lat. med. et inflm.<br />
aetatis, éd. de 1754, Patavii, t. III, p. 57. Le rapprochement des deux mots Biclaru et Vallclara<br />
est Suggestif. Dans ses premiers articles des Hebraeische bibliogr. Blaett., t. XX (1880), p. 90,<br />
et des Virc/wws Archiv f. pathol. Anat., t. 85 (1881), p. 162, Steinschneider avait cm que ce<br />
toponYllle· était portugais, en raison, sans doute, de l'origine lusitanienne de San' Juan de<br />
Vallclara, né effectivement à Santarem; mais il rectifia cette opinion dans son lntl'o<strong>du</strong>ct. to<br />
"rab. Literat. 01 the Jews, Jew Quat. Review, London, 1898, t. X, p. 135, n" 70.