1 - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc
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146 H.-P.-J. RENAUD<br />
L'étude de ces mots berbères n'est pas sans intérêt pour l'histoire de<br />
cette langue et de ses dialectes; il n'est pas indifférent de constater leur<br />
présence dans un ouvrage composé en Espagne au XIe siècle. J'ai soumis<br />
ces mots à l'examen de MM. E., Laoust ou A. Basset, dans le but d'établir<br />
s'ils étaient caractéristiq ues d'un dialecte en particulier. Il n'en est rien.<br />
Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'on rencontre avec un peu plus de fréquence<br />
les formes de la td,~el/tU,<br />
parlée dans les régions <strong>du</strong> sud-ouest marocain,<br />
berceau des grandes dynasties berbères qui dominèrent en Espagne<br />
aux XIe et XIIe siècles. Mais, aux confusions qu'Ibn Beklares a faites, on<br />
reconnaît que leur langue ne lui était pas familière. Il semble s'être documenté<br />
un peu partout, et il pouvait le faire sans peine en Espagne, où,<br />
déjà avant l'arrivée des Almoravides, les Berbères étaient nombreux. Il en<br />
était venu non seulement dans les troupes de Tarik et de Müsa b. Nu~ayr,<br />
n1ais les Umayyades de Cordoue en avaient attiré pour constituer leurs<br />
milices, et le berbère était parlé fréquemment dans les provinces <strong>du</strong> sud et<br />
de l'est de la péninsule.<br />
Les philologues qui ont étudié le MustaCînl ont prêté moins d'attention<br />
à la partie plus spécialement médicale et théorique de cet ouvrage, représentée<br />
par la copieuse intro<strong>du</strong>ction qui suit la préface, où Ibn Beklares<br />
expose le plan de son ouvrage, et qui précède les tableaux synoptiques. C'est<br />
ainsi que la mention d'une œuvre antérieure <strong>du</strong> médecin de Saragosse leur<br />
est passée inaperçue. A deux reprises (1), Ibn Beklares fait allusion à cet<br />
ouvrage qu'il nomme RisdLat at-tabyln wa 't-tal'tlb, essai d'explication et<br />
de répartition [des alimentsJ, où, dit-il, il donne une classification hiérarchique<br />
des aliments les uns par rapport aux autres. Il y développe notamment<br />
la notion des quatre forces ou facultés : attractive, préhensive ou<br />
rétentive, digestive ou altératrice, enfin expulsive, qui existent dans tout<br />
organe, conformément aux théories de Galien (2). L'intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> lYlustaCînl<br />
est d'ailleurs toute imprégnée des vues <strong>du</strong> médecin de Pergame. Elle<br />
comprend quatre parties:<br />
1 0 Connaissance des médicaments simples; comment les premiers<br />
savants ont découvert leurs qualités élémentaires et déterminé leurs degrés.<br />
L'auteur étudie successivement: l'expérimentation par le goùt et l'odorat,<br />
(1) Mss. de Rabal, folios 9 rO et vo; Madrid, 11 rOi Naples, 8 rO.<br />
(2) Des facultés naturelles, III, 9, in Œu()res anat. et physiol. de Galien, trad. Daremberg,<br />
Paris, 1856, t. Il, p. 301.