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1 - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc

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L'HABITATIaN CHEZ LES TRANSHUMANTS DU MAROC CENTRAL 185<br />

t\3nte des bergers. Une bonne maîtresse de tente tient toujours en réserve<br />

un ou plusieurs flijs qu'elle destine au remplacement <strong>du</strong> flij usagé.<br />

Mais, si experte qu'elle soit dans l'art <strong>du</strong> tissage, elle ignore celui de la<br />

couture. Cette femme qui tisse des rra/Jala avec des doigts de fée ne tire<br />

pas l'aiguille. Coudre n'est pas chez les Berbères une occupation féminine.<br />

Le fait est connu. C'est le taleb <strong>du</strong> douar qui taille) répare et coud les vêtements.<br />

On assiste en tribu à ce spectacle, étrange à nos yeux, d'une femme<br />

obligée de se rendre à la mosquée demander l'aide <strong>du</strong> fqih pour réparer sur<br />

elle son vêtement déchiré.<br />

A des hommes incombent le soin de coudre les flijs tissés par les<br />

femmes, de remplacer les vieux par de neufs, de faire avec leurs longues<br />

aiguilles toutes les réparations utiles. On les nomlne imegnan, les « couturiers<br />

». Ils se servent d'une aiguille, tïsegnit, de gros fils de laine, issegna,<br />

et donnent à leur travail le nom de #gni u!Jan~<br />

« couture de la tente », mot<br />

dérivé, comme les précédents, <strong>du</strong> verbe gni ou gnu « coudre ».<br />

Un travail en apparence aussi simple se complique de rites spéciaux<br />

auxquels participent les gens de la tente, les enfants et les gens <strong>du</strong> douar,<br />

plus particulièrement les femmes. Ils sont restés ignorés jusqu'ici. On décrira<br />

en détail ceux qu'on a pu observer chez les Ait-Naâman, de la tribu<br />

des Beni-Mtir. Mais ils valent dans leur ensemble pour les autres.<br />

Dès qu'on s'est mis d'accord sur le jour, le maître de la tente part à la<br />

recherche des imegnan dont il sollicite le concours en des termes comme<br />

ceux-ci: « Demain, si Dieu veut, venez nous aider à coudre! asekka s rebbi<br />

addüd EawnatâtJ anegnu. » De leur côté, les femmes moulent' le grain<br />

nécessaire à la préparation <strong>du</strong> repas qu'il est d'usage de leur oiirir et qu'on<br />

nomme Leftü/J ubdm.<br />

Les invités s'amènent le matin à la première heure, prennent'le déjeuner,<br />

lefcfor, préparé à leur intention et se mettent aussitôt à découdre les<br />

flijs de la tente à réparer Ils commencent par le milieu en se servant d'un<br />

couteau. Pendant ce temps, les femmes avisent un endroit propre à proximité<br />

de la tente. Elles le débarrassent des pierres et le balaient.<br />

Elles y<br />

étalent les flijs neufs; elles les battent fortement avec des perches en les<br />

aspergeant d'eau afin de les allonger et de les assouplir. Elles les mettent<br />

ensuite à côté des flijs anciens qu'on vient de découdre et qu'on reconnaît<br />

encore propres à l'usage. Ce premier travail achevé, elles cèdent la place<br />

aux imegndll.

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