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1 - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc

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allures de bibliophile, ne se tint pas en voyant ce vieux bouquin. «C'est le<br />

Livre des Anecdotes d'Ahü '1-Gaw1 a~-San\lnI,<br />

dit al-Man~ür. L'as-tu déja<br />

lu? )) - « Certes, répondit effrontément Sacid, qui ne se doutait pas de la<br />

supercherie. C'est un recueil de prose. Aucun vers ne s'y trouve. » -<br />

La<br />

preuve était faite. AI-Man~ür fit chasser l'impudent et ordonna de jeter dans<br />

le Guadalquivir l'exemplaire <strong>du</strong> Livre des Joyaux qu'il lui avait remis (1).<br />

Sücid, personnellement, avait sans doute mérité cette rigueur. Son livre, par<br />

contre, ne justifiait peut-être pas tant de sévérité. Certains eontemporains,<br />

en particulier, ne partagèrent pas une aversion qui, il faut le remarquer,<br />

était surtout le propre des ennemis personnels de l'auteur. Jusqu'à la fin de 1­<br />

son séjour il Cordoue, Sùcid, en effet, parvint toujours à réunir des auditeurs<br />

Ü f)ui il faisait un commentaire oral de son livre. Certains étaient des élèves<br />

d'un grand avenir comme Ibn I,IaYY'-1l1 (2), l'historien de l'Espagne, et l'érudit<br />

valencien cAbd al-cAzIZ ibn as-Sld (3). Le Livre des Joyau.T, après la mort de<br />

S,lcid et même pendant deux sièdes, continua à être étudié à Cordoue (4).<br />

Toutefois les controverses qu'il avait soulevées à son apparition furent pour<br />

lui funestes, et le fait qu'il soit aujourd'hui per<strong>du</strong> montre qu'il ne connut<br />

jamais une grande vogue dans le public (5). f-<br />

La disgr:lee de S,l,cid ne fut vraisemblablement que d'une courte <strong>du</strong>rée.<br />

Sans doute l'habile bagdüdien trouva-t-il l'occasion de rentrer en faveur<br />

auprès <strong>du</strong> tout-puissant al-Mansür. Celui-ci, d'ailleurs, parut désormais<br />

décidé ~t<br />

toujours fermer les yeux Sllr les mensonges de son protégé. Il semble<br />

même qu'au lieu de s'en irriter, il V trouvàt des occasions de rire. Parfois,<br />

en efTet, pour avoir le plaisir de le ~onfondre,<br />

pour se divertir des (( gasconnades<br />

l) débitées d'un ton imperturbable par Sücid, il lui posait les plus<br />

invraisemblables questions, forgeait des mots absolument baroques dont il<br />

(1) Ibn ijallikan; as-Suyüti (d'aprl~s as-$afadi), 278. Selon al-Mal~l~ari, Il, 52, ce serait le<br />

public qui aurait jeté le livre dans le Guadalquivir, ce qui est bien invraisemblable. Selon al­<br />

~arrükusj, Rist. des Almohades, trad. Fagnan, 25, ce serait l'esclave de ~ücid qui, portant le<br />

livre, tomba dans le fleuve, au moment où il le traversait; pour se rendre auprès d'al-Man~ür.<br />

Il se pourrait bien que cette dernière version soit une invention postérieure de $aCid pour se<br />

procurer l'occasion de placer un bon mot.<br />

(2) I: l ayyan i?n IJalat' ibn I:Iayy,ln, mort en 409/1075. Cf. Brockelmann, op. cit., J, 338.<br />

(3) Mort en Egypte en 427/1037. Cf. al-Makkari 1 547, ad-Dabbi n" 1088· Ibn Baskuw[ll<br />

n° 783. .. ,., ,.." ,<br />

(4) Abtl Bakr ibn al-ijair, mort en 575/1179, le mentionne parmi les livres qu'il a étudiés.<br />

Cf. Indeœ Ubrorum, :-126. Le Licwe des Joyauœ aurait même été l'objet d'un commentaire écrit<br />

par le médecin égyptien lbn an-Nafis. Cf. J,Iaggi ijalifa, 1V, 424; Cheikho, Maganc, VII, 426.<br />

(5) Ct'. al-Mal~~arï, II, 52.

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