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1 - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc

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L'HABITATION CHEZ LES TRANSHUMANTS DU MAROC CENTRAL 187<br />

tout en s'aidant de perches glissées par-dessous, en s'arrangeant de manière à<br />

atteindre l'emplacement de la tente à la troisième pose. Elles s'arrêtent et<br />

se reposent en effet trois fois, et poussent chaque fois un long youyou. Elles<br />

disent en arrivant: « iwa genn ilegman! Que les chameaux se couchent! »<br />

Elles font encore allusion aux sacs de grains que des chameaux sont censés<br />

apporter. Elles retirent un à un les objets transportés; font descendre<br />

l'enfant et l'agneau et dressent la tente sans autrement tarder.<br />

Le sens de la petite cérémonie est évident. Le jeune garçon symbolise<br />

la famille; l'agneau, le troupeau qu'on désire accroître en nombre; la chaîne,<br />

le bétail; la bride, le cheval; le sac de farine, les provisions qu'on ramène<br />

joyeusement au douar avec la demeure remise à neuf.<br />

La tente une fois dressée, il appartient à un homme d'en<strong>du</strong>ire le faîte<br />

de beurre et d'y attacher une sorte de collier, tiseddiin, fait de fils de laine.<br />

De leur côté, les femmes se groupent autour de la maîtresse de la tente; elles<br />

lui confectionnent un gros chignon iqeffi avec des fils non utilisés à la couture<br />

des flijs et lui remettent un panier qu'elles ont rempli de cardes. La<br />

maîtresse de la tente fait alors mine de partir en donnant des signes évidents<br />

de grande colère. «Qu'as-tu? lui demande-t-on, ma~em iagen?» - «( Je<br />

m'en vais, je n'ai que faire d'une tente où il pleut, iga uljam uidid, la<br />

itegga timeqqa, ddilj ad-ed<strong>du</strong>lj g-wînu, at-zrilj mait ri!)!» On la calme:<br />

«( Reviens, lui dit-on, désormais il n'y pleuvra jamais plus! iallah aü.ayed<br />

s-abam-ennem ur saI" igi timeqqa! »<br />

S'il le peut, le maître égorge un mouton ou une chèvre, ou à défaut<br />

quelques poulets. Le souper, imensi, auquel prennent part les imegnan et<br />

les voisins s'achève par des vœux que prononcent les invités: « Que Dieu<br />

fasse prospérer ta tente, disent-ils au maître de la tente: ad-as-ise1]!)er<br />

rebbi a1]am ennes ! » Il remercie en ces termes : « A l'année prochaine, §l'il<br />

plaît à Dieu, puissiez-vous emporter tous nos vœux! : lEcqba n imal<br />

nsaEallah id<strong>du</strong> gurun wenna i~eb!J,en! )<br />

On relève dans ces pratiques un ensemble de rites et un mode de travail<br />

que l'étude des coutumes berbères a ren<strong>du</strong> familiers. Le transhumant<br />

qui répare sa tente ou en confectionne une neuve tient avant tout à ce qu'elle<br />

soit semblable à l'ancienne.<br />

Par des gestes appropriés, procédant de la<br />

magie symbolique, il croit, d'une part, la mettre à l'abri des intempéries,<br />

de la pluie, et, de l'autre, s'assurer une source abondante de profits concernant<br />

sa famille, ses troupeaux, ses récoltes.

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