1 - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc
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L'HABITATIaN CHEZ LES TRANSHUMANTS DU MAROC CENTRAL 207<br />
. serpent; ailes de mouche» prétendent différencier des motifs et non figurer<br />
un œil de perdrix ou une aile de mouche.<br />
Les dessins sont dans l'ensemble si petits qu'ils demandent de la part<br />
de l'ouvrière une grande habileté. On conçoit qu'on puisse envier son art et<br />
le considérer comme le don d'un génie bienfaisant, d'un<br />
marabout que<br />
visitent les femmes superstitieuses dans l'espoir de devenir tisseuses d'ilqiden.<br />
Les nattes elles-mêmes sont agrémentées de décors identiques. Certaines<br />
comme les nattes <strong>du</strong> pays zayan en sont entièrement couverts. Ils<br />
sont l'œuvre de brodeuses habiles qui utilisent des fils de laine de toutes<br />
teintes, mais dont le rouge est la couleur dominante.<br />
L'art berbère se révèle dans toute sa beauté les jours de grande fête et<br />
de mariage. Les abords de la tente sont nettoyés et les ustensiles soigneusement<br />
rangés. Les tapis, ordinairement pliés, jonchent le sol et le devant<br />
de la tente. Des henbel en garnissent les côtés et dérobent à la vue le pêlemêle<br />
<strong>du</strong> fond. Les femmes revêtent leurs haïks blancs, leurs curieuses<br />
guêtres en damiers de couleur, les lourds bijoux d'argent et les colliers de<br />
verroteries. Les hommes semblablement vêtus de blanc, coiffés comme chez<br />
les Zemmour de hauts chapeaux d'alfa aux larges bords brodés de rouge, à<br />
cheval sur des montures elles-mêmes couvertes de rutilants tapis, aux selles<br />
rouges garnies de sacoches de laine bariolée. Il y a là une harmonie de couleurs,<br />
on ressent alors une notion d'un véritable art sobre et probe -<br />
d'un<br />
art domestique - qui, en considération <strong>du</strong> milieu, ne saurait trouver<br />
d'expression plus élevée.<br />
LES RITES DE PROTECTION DE LA TENTE. -<br />
Le transhumant attribue<br />
à la poutre faîtière, a(ulmmar, comme le Kabyle à la poutre maîtresse de sa<br />
maison, une valeur symbolique. C'est elle, en effet, qui supporte toute la<br />
tente et la protège. Elle est l'image d'une force bienfaisante. Elle figure, à<br />
ce titre, dans de nombreuses métaphores poétiques.<br />
Il arrive parfois à un personnage important d'offrir en présent un<br />
al:tammar à un indivi<strong>du</strong> qu'il désire particulièrement honorer. La tente <strong>du</strong><br />
caïd Ali des Aït-Ayyaeh en possède un qui fut jadis remis ~<br />
son aïeul par<br />
un marabout de la Zaouïa d'Abou-Salim de la Haute-Moulouya. Il en tire<br />
quelque vanité sans oser avouer qu'il lui attribue l'heureuse fortune de sa<br />
famille.<br />
A un degré moindre, les tirsal sont l'objet de mêmes croyances supers-