1 - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc
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94 GEORGES S. COLIN<br />
de constater pour cette période une prononciation spirante <strong>du</strong> d roman, aussi<br />
bien à l'initiale et en finale qu'à l'intervocalique, sauf, naturellement, daJ}$<br />
les cas où lé d est « appuyé» par sa nasale n (et parfois aussi par r).<br />
Les romanistes admettent que cette valeur spirante <strong>du</strong> d était courant~<br />
dans la péninsule ibérique - comme dans le sud de la Gaule':-- depuis l~<br />
période latine, c'est-à-dire dès avant le VIe siècle (1); elle est attestée par<br />
de multiples transcriptiQns arabes de noms propres et de noms communs,:<br />
qui nous ont été laissées par des auteurs appartenant aux époques, aU~<br />
régions et aux catégories sociales les plus variées. S'ils ont constamrne~<br />
transcrit le d roman hispanique médiéval par un ~<br />
et non par un :>, c'e~'<br />
qu'ils l'entendaient bien comme l'équivalent de leur interdentale sonore (2).<br />
Cette prononciation atténuée de l'occlusive constitue le stade médiéval<br />
intermédiaire, antérieur à celui de la chute <strong>du</strong> d primaire intervocaliqUe<br />
qui caractérise le castillan moderne; on l'y rencontre encore de nos jourS<br />
pour le d secondaire, intervocalique ou final, l'évolution semblant, là aussi,<br />
devoir franchir le stade interde.ntal pour porter l'atténuation <strong>du</strong> d jusqu'aU<br />
degré zéro.<br />
Mais, si l'emploi par les Arabes d'Espagne <strong>du</strong> ~ (et non <strong>du</strong> :» pour<br />
transcrire le d roman prouve bien que ce dernier était généralement inter"<br />
dental, ce même emploi fournit un argument à l'appui de la thèse de 1&;<br />
conservation des inte'rdentales par le dialecte arabe hispanique, argumeot'<br />
qui peut paraître, il est vrai, bien superflu après les indications précises de,<br />
P. de Alcala. D'ailleurs, si l'on récusait ces témoignages d'origine romane,'<br />
des documents proprement. arabes suffiraient à fournir un ensemble de·<br />
preuves convaincantes:<br />
1 0 Le ~ hispanique est susceptible de passer à f par assimilation, ce<br />
qui implique une prononciation ihterdentale 6 (3) :fémme «là-bas 1)<br />
(cf.<br />
109/31), < ~.<br />
(1) Cf. E. Bourciez, Éléments de linguistique romane, 2" éd., §§ 172 (b) et 337 (a),<br />
(2) Lorsque les auteurs arabes ont employé le ~ à la transcription d'un phonème étranger.<br />
il s'agit chaque fois d'une interdentale sonore; c'est le cas, notamment, <strong>du</strong> 0 intervocalique d11<br />
vieux-persan et dt vieux-turc: Dans le massif montagneux <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong> septentrional, dans deS<br />
parlers où les interdentales classiques ~ et ~<br />
ont, cependant, donné toutes deux des occlusiveS,<br />
ces lettres servent encore à noter le a et le 0 dialectaux, qui proviennent respectivement<br />
~ /..::., et de :>/; post-vocaliques.<br />
(3) Les lexicographes arabes nous ont conservé de nombreux exemples d'un passage de 6 à/,