1 - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc
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242 E. LAOUST<br />
A la veille <strong>du</strong> départ pour la transhumance d'hiver, les grandes tentes<br />
sont établies sur leurs terrains de cultures, près de leur ksar, où elles<br />
viennent de faire un long séjour. Les hommes achèvent à la hâte les labours<br />
# d'automne, tandis que par pètites étapes les iEazzaben se sont rapprochés<br />
des grandes tentes ramenant <strong>du</strong> jbel les moutons ayant brouté l'harjban,<br />
qui est l'herbe fine et recherchée de la montagne. On est dans la première<br />
partie de novembre. Les préparatifs occupent grands et petits et demandent,<br />
chez les Beni-Mguild de la Moulouya, au moins trois jours. On consacre le<br />
premier au chargement <strong>du</strong> gros mobilier, amawa, qui comprend les sacs,<br />
tigrar, avec les provisions de grains pour plusieurs mois; les enclos des<br />
parcs à moutons, istran, - les ustensiles d'alfa, aoggri, - le moulin, azri,<br />
- et les pierres de sel destinées à l'alimentation des troupeaux. On se repose<br />
le deuxième jour. On achève le déménagement. le troisième: on abat et plie<br />
les tentes qu'on charge avec les tapis et les nattes, i/wlat$en, sur le dos d'un<br />
bœuf porteur, qu'on désigne de ce fait azger bùu!Jàm. On utilise tous les<br />
animaux de bât disponibles: ânes, mulets, chevaux, ime/itarr, et plus rarement<br />
des chameaux. La grande tente des chefs zayan, Amaroq et Hassan,<br />
de dimensions exceptionnelles, est transportée par un chameau.<br />
Le 15 novembre, le 20 au plus tard, on se met en route. Si l'on n'a<br />
pu achever les emblavures, les parents et les serviteurs, asekkan, à qui l'on<br />
confie la garde de la maison, s'en chargeront. Le pays est sûr: les convois<br />
groupés par douars s'en vont sans traîner en suivant le pas rapide des<br />
mulets. Les hommes con<strong>du</strong>isent les bêtes chargées des bagages, aggwa, pl.<br />
iggwaten, les femmes poussent les bœufs, les bergers, les moutons. Mais<br />
ceux-ci, plus lents, arriveront quand les grandes· tentes seront montées, à<br />
moins qu'on ait cru bon, dans la crainte d'être bloqués par la neige, de les<br />
faire partir en avant.<br />
On s'arrête la nuit à des relais connus, mais on ne monte pas les tentes.<br />
On allume de petits feux; bêtes et gens couchent sur place, à côté des<br />
bagages déposés à terre. Le lendemain, à le première heure, on se remet<br />
en route, à moins qu'une pluie malencontreuse immobilise le convoi et<br />
l'oblige à un repos forcé.<br />
Quand la montagne était moins sûre, que les chemins risquaient d'être<br />
coupés, on recherchait la protection, amur, de puissants voisins par des<br />
alliances ou des trêves; au besoin on forçait les passages, les armes à la<br />
main. C'était toute la tribu regroupée qui se déplaçait et se «<br />
faisait