1 - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc
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L'HABITATION CHEZ LES TRANSHUMANTS DU MAROC CENTRAL 159<br />
pond à adgar. connu des Berabers <strong>du</strong> Sud (Ait-Izdeg, etc.), des gens <strong>du</strong><br />
Dra et des Chleuhs. Il désigne un « lieu, un endroit» et ne s'applique pas<br />
spécialement à l'emplacement occupé par une habitation. Pourtant les<br />
Chleuhs, sédentaires <strong>du</strong> Sud, appellent leurs villages: lmurjaê ou [mak,an,<br />
mots empruntés à l'arabe, et signifiant: « lieu, endroit», comme ansa et<br />
adgar.<br />
b) t,aggurt nIJam (1), c'est plus exactement « la part de terrain attribuée<br />
à une tente» chez les A.-Ndhir, par exemple. C'est surtout le nom<br />
de la « porte» chez les sédentaires <strong>du</strong> Sous. Le mot prend chez les transhumants<br />
des sens nombreux et variés, dont l'importance sera signalée plus<br />
loin.<br />
c) amazir u[-taln (2), pl. imizal', chez certaines fractions A.-Mgild. Les<br />
transhumants utilisent plutôt amazir pour désigner l'emplacement d'un<br />
bivac que d'une tente, et, dans un sens plus restrictif, le terrain où campent<br />
une ou plusieurs tentes avec leurs troupeaux en vue de le fumer à l'époque<br />
dite: lzebbil (ar. J~;), la fumure. Cette période commence dès avril et se<br />
prolonge jusqu'en juin. L'usage est de parquer les troupeaux sur les terrains<br />
qu'on ensemence de maïs. Par amazfl', on entend donc la terre, le champ<br />
où campe ou a campé une tente ou un groupe de tentes avec ses moutons.<br />
Le pl uriel imizâl' figure dans les expressions : eg imizal' (3) ou mrâra<br />
imizar, par lesquelles les transhumants, en temps de dissidence, désignaient<br />
le ralliement, en un méme point, des douars dispersés. Ils choisissaient alors<br />
leur chef de guerre, alngal' n tuga; les troupeaux ramassés au centre de<br />
douars immenses défiaient plus aisément les razzias possibles.<br />
La forme diminutive tamazil't (4), contrairement à l'attente, désigne<br />
« un pays, une contrée)), et non un petit bivac ou un petit champ. Le mot<br />
subit le même sort que taqbilt « tribu », qui a un sens augmentatif ,et dési-<br />
gne un groupement plus important que agbil.<br />
Une autre forme tamzirt désigne « l'emplacement d'une tente» chez<br />
les Aït-"\Varaïn, l'emplacement d'un « douar» chez les Senhadja des<br />
Sghaïr (5), et, chez les Beni-Snous (6), le « terrain inculte ~ù les troupeaux<br />
(1) Laoust, Cours de berb. mal'. (M. C.), 1 rf édition, p. 13.<br />
(2) Laoust, id., p. 22.<br />
(3) Laoust, id., p. 144.<br />
(4) Sur ce mot, voir Laoust, Mots et choses berbères, p. 258, n. 1.<br />
(5) Renisio, op. cil.<br />
(6) Destaing, Dier. abrégé /ranç.-berb.• p. 62.